Burkina : le président de transition appelle au « calme » et à la « prudence »

Le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba prône l’apaisement alors que la situation sécuritaire reste confuse à Ouagadougou où des tirs nourris sont entendus depuis la nuit de jeudi.Les vieux démons se réveillent encore au Burkina Faso.

Le pays des hommes intègres, dirigé par une junte après le renversement du président Roch Marc Christian Kaboré, est actuellement secoué par « un mouvement d’humeur de certains éléments des Forces armées nationales » de l’aveu des autorités de transition.

Au regard de la situation, pour le moins confuse, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, le président du Faso, a invité « les populations à observer la plus grande prudence et à rester calme face à certaines informations qui circulent notamment sur les réseaux sociaux » dans un communiqué publié sur la page Facebook de la présidence de la République.

Poursuivant, l’actuel homme fort de Ouagadougou indique que « des pourparlers sont en cours pour ramener le calme et la sérénité ». Jusque-là, « aucun membre du gouvernement n’a été arrêté. C’est une crise interne à l’armée et les échanges se poursuivent au sein de la grande muette pour un dénouement sans écueils », a précisé le porte-parole du gouvernement, Wendkouni Lionel Bilgo, à la télévision privée BF1.

Arrivé au pouvoir en janvier dernier, le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba avait promis de relever le défi de la guerre contre les groupes jihadistes responsables de la déstabilisation du Nord du pays. Pourtant, après neuf mois de transition, le chef de l’État burkinabè ne semble pas en mesure de mettre fin à l’insurrection jihadiste qui continue même à gagner du terrain.

Ces dernières semaines, plusieurs incidents liés à l’activité des insurgés islamistes affiliés à Al Qaïda ou à l’État islamique ont été enregistrés dans la région du Sahel, au Nord du pays. C’est le principal foyer jihadiste au Burkina.

Les deux dernières attaques meurtrières visant des convois d’approvisionnement sous escorte militaires à Djibo, à plus de 200 kilomètres au Nord de Ouagadougou, illustrent la détérioration de la situation sécuritaire dans ce pays du Sahel.

Burkina Faso : Blaise Compaoré de retour, huit ans après sa chute

Exilé depuis octobre 2014 en Côte d’Ivoire, l’ancien chef de l’Etat est arrivé jeudi en début d’après-midi dans la capitale burkinabé.Annoncé à 12 heures 30, l’avion transportant l’ancien président burkinabé arrivé a atterri à la base militaire de Ouagadougou, peu avant 14 heures.

Blaise Compaoré est accompagné de son épouse Chantal Terrasson de Fourgès Compaoré et du ministre ivoirien de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur.

En exil en Côte d’ivoire depuis 2014 après son départ du pouvoir précipité par un soulèvement populaire, Blaise Compaoré va participer vendredi 8 juillet à une rencontre qui doit réunir les anciens chefs de l’Etat burkinabé et le président de la transition, le Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba.

Cette rencontre de « haut niveau » s’inscrit dans le cadre de la réconciliation nationale, un thème cher à la junte au pouvoir à la recherche de solutions contre l’insécurité dans le Nord et l’Est du pays liée à l’activité de groupes jihadistes affiliés à l’Etat islamique ou à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

Mais le retour temporaire de Blaise Compaoré n’est pas du goût d’une partie des burkinabé. Les avocats des ayant-droits de Thomas Sankara et de ses douze compagnons assassinés le 15 octobre 1987 ont demandé son arrestation à sa descente d’avion.

Blaise Compaoré qui a régné sur le Burkina Faso pendant 27 ans, a été condamné à la perpétuité par le tribunal militaire de Ouagadougou pour l’assassinat de Thomas Sankara. A la suite de ce verdict, un mandat d’arrêt avait été décerné à son encontre.

Mercredi 6 juillet, le gouvernement burkinabé a précisé dans un communiqué que la rencontre prévue demain « n’entrave pas les poursuites judiciaires engagées contre certains ».

Procès Sankara au Burkina Faso : l’ex-président Blaise Compaoré condamné à la perpétuité

L’ex-président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, a été condamné à la perpétuité dans le cadre du procès Sankara, a annoncé mercredi le tribunal judiciaire de Ouagadougou.

Le tribunal militaire de Ouagadougou a rendu son jugement, mercredi 6 avril, dans l’affaire des assassins présumés de l’ancien président burkinabè Thomas Sankara. Quatorze accusés comparaissaient dans ce procès, notamment l’ancien chef d’État Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando, son chef de la sécurité. Blaise Compaoré a été condamné à la perpétuité.

Le tribunal militaire de Ouagadougou a également condamné à la perpétuité le commandant de sa garde Hyacinthe Kafando et le général Gilbert Diendéré, un des chefs de l’armée lors du putsch de 1987.

Le général Diendéré purge déjà une peine de 20 ans de prison pour sa participation à une tentative de coup d’État en 2015, un an après la chute de Blaise Compaoré suite à une insurrection populaire.

Les trois hommes sont condamnés pour « attentat à la sûreté de l’État ». Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré sont également reconnus coupables de « complicité d’assassinat » et Hyacinthe Kafando, soupçonné d’avoir mené le commando qui a tué Thomas Sankara, d' »assassinat ». Ils ont quinze jours pour faire appel de ces lourdes sentences.

Les juges sont allés au-delà des réquisitions du Parquet militaire, qui avait demandé 30 ans de prison contre Blaise Compaoré et Kafando, et 20 ans contre Gilbert Diendéré.

Huit autres accusés ont été condamnés à des peines allant de trois ans à vingt ans de prison. Trois accusés, enfin, ont été acquittés.

Source : France 24