La police démantèle un réseau de braqueurs à Ouagadougou

À Ouagadougou, la Police nationale a neutralisé un réseau criminel spécialisé dans les braquages, les vols d’engins et le recel de motos modifiées. Une opération saluée comme un coup dur porté à l’insécurité urbaine.

 

Ce groupe de malfaiteurs rassemble des jeunes âgés de 18 à 37 ans. Ils sévissaient à Ouagadougou, dans ses environs et jusqu’à Tenkodogo. Ils avaient des méthodes retors. Une première équipe repérait les lieux propices à l’attaque — boutiques Orange Money, commerces isolés ou conducteurs en déplacement. Une autre s’occupait de l’agression armée, pendant que certains complices faisaient le guet.

Une fois les engins volés en leur possession, un mécanicien modifiait les numéros de série. Un peintre les repeignait pour masquer leur origine. Ils revendaient ensuite ces motos localement ou les envoyaient vers les pays voisins.

Ce démantèlement est le fruit d’un travail de renseignement mené par les services de police, avec le soutien des populations locales. Plusieurs objets volés ont été saisis, ainsi que des armes blanches et à feu utilisées lors des agressions.

Les autorités appellent les citoyens à maintenir leur collaboration, en signalant toute activité suspecte. Cette affaire met en lumière l’évolution des modes opératoires des réseaux criminels, de plus en plus organisés et capables de structurer des chaînes de revente transfrontalières.

La Police nationale rappelle qu’elle reste mobilisée pour garantir la sécurité des personnes et des biens, dans un contexte où les violences urbaines connaissent une hausse inquiétante.

Élection au HCR : la Suisse cherche l’appui du Burkina Faso pour sa candidature

Le Burkina Faso a reçu, le 23 juillet 2025, la candidate suisse au poste de haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés. Une rencontre diplomatique stratégique, dans un contexte marqué par de lourds défis humanitaires au Sahel.

 

Une candidature diplomatique en quête de soutien africain

Le mercredi 23 juillet 2025, la candidate suisse au poste de haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Christine Schraner Burgener, a été reçue à Ouagadougou par le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Karamoko Jean Marie Traoré. Cette audience s’inscrit dans le cadre d’une tournée visant à solliciter l’appui du Burkina Faso à sa candidature.

Lors de cette rencontre, les deux diplomates ont échangé sur les grands enjeux humanitaires auxquels fait face le pays des Hommes intègres, en particulier la question des déplacés internes, victimes du conflit sécuritaire. Le ministre burkinabè a insisté sur la nécessité de changer de regard sur ces populations. Selon lui, « il faut cesser de voir les déplacés uniquement comme une charge, mais aussi comme des acteurs potentiels du développement ».

Christine Schraner Burgener a salué cette approche, qu’elle a dit partager, affirmant que « l’autonomie des réfugiés et déplacés est essentielle pour construire des solutions durables ». Avant son audience, elle s’était rendue à Kaya pour rencontrer directement des déplacés internes et observer leurs conditions de vie.

Au-delà du simple soutien électoral, cette visite a aussi permis de faire entendre la voix du Burkina Faso sur la scène diplomatique. Le ministre burkinabè a exprimé un souhait clair à la candidate suisse au poste de Haut-Commissaire. Il souhaite qu’elle défende la cause des déplacés internes sahéliens une fois élue au HCR. Il a insisté sur la situation critique au Burkina Faso, au Mali et au Niger, membres de l’AES.

Ce geste de la Suisse illustre l’importance croissante des pays africains dans les élections des grandes institutions internationales. Pour le Burkina Faso, c’est également l’occasion de renforcer ses liens diplomatiques tout en mettant à l’agenda mondial la crise humanitaire qui secoue son territoire.

Au Faso, le droit à la santé à moindre coût devient une urgence nationale

Au Burkina Faso, l’accès aux soins de santé coûteux devient progressivement une réalité plus accessible. Grâce aux réformes engagées depuis avril 2024, la réduction des frais d’examens médicaux lourds comme le scanner ou l’IRM soulage de nombreuses familles. Une caravane de presse sillonne actuellement les centres hospitaliers pour évaluer l’application de ces mesures sur le terrain.

 

Réduction des frais médicaux au Burkina : où en est-on réellement ?

Depuis avril 2024, le gouvernement burkinabè a lancé plusieurs mesures pour alléger les frais de santé. Il s’agit d’une réponse directe aux nombreuses plaintes liées au coût élevé des examens médicaux. Pour en mesurer les effets, une caravane de presse a été déployée du 22 au 26 juillet 2025. Des journalistes ont visité plusieurs centres hospitaliers.

 

Les coût sont réellement réduits a la baisse

Les deux premières étapes de cette tournée ont conduit les professionnels des médias au CHU de Bogodogo et au CHU de Ziniaré. Là-bas, les mesures gouvernementales sont bien visibles. Le scanner, jadis facturé à 50 000 FCFA, coûte désormais 25 000 FCFA. Quant à l’IRM, elle passe de 100 000 FCFA à 40 000 FCFA.

Autre changement majeur : la suppression de la caution de 500 000 FCFA pour les patients nécessitant une hémodialyse. Cette décision soulage de nombreuses familles qui, auparavant, renonçaient aux soins faute de moyens.

 

Des impacts positifs sur les patients

À Bogodogo, Mahamadi Ilboudo accompagne son père en traitement. Il note une nette diminution des dépenses liées aux médicaments essentiels génériques. Pour lui, ces baisses ont allégé sa charge financière. Son témoignage reflète le sentiment de nombreux Burkinabè qui, jusque-là, supportaient seuls le poids des soins.

 

Une volonté politique affirmée

Ces mesures s’inscrivent dans une stratégie plus large de renforcement de l’accès aux soins. Elles visent en priorité les populations vulnérables. En rendant les soins coûteux plus accessibles, l’État espère améliorer le recours aux services hospitaliers et prévenir les cas de renoncement.

 

Des nombreux défis demeurent persistants  

Malgré les avancées, des défis demeurent. Certains centres peinent à appliquer la totalité des mesures, faute de moyens logistiques ou de communication. D’autres patients ignorent encore qu’ils peuvent bénéficier de ces réductions.

Pour assurer l’efficacité du dispositif, le suivi sur le terrain reste crucial. La caravane de presse poursuit ainsi son périple afin de recueillir d’autres constats et témoignages.

 

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Un internet stable pour tous les Burkinabè : une priorité nationale affirmée

Dans le cadre de l’objectif «Zéro zone blanche» d’ici 2027, la ministre de la Transition digitale, Dr Aminata Zerbo/Sabané, s’est rendue dans le Nando pour inspecter les nouvelles infrastructures télécoms. Une avancée cruciale pour connecter les zones rurales du Burkina Faso, longtemps restées en marge du numérique.

 

Promesse d’un réseau pour tous au Faso

Sous un ciel chargé de nuages lourds, la délégation ministérielle fend la poussière des pistes du Boulkiemdé. Dr Aminata Zerbo/Sabané, ministre de la Transition digitale, descend de son véhicule, regard droit, posture ferme. Autour d’elle, une petite foule s’est formée. Habitants, techniciens, agents communaux. Tous venus voir de leurs yeux ce qu’ils attendaient depuis des années : un signal, une barre, une connexion.

Nous sommes à Koudougou, dans la région du Nando. Ici, comme dans tant d’autres villages du Burkina, la voix coupe en pleine phrase, Internet s’efface à la moindre pluie. Les zones blanches. Ces territoires oubliés du numérique, hors des cartes des opérateurs de télécoms.

La ministre s’avance vers une antenne en cours d’installation. Elle écoute. Pose des questions. Promet. Son objectif est clair : « Zéro zone blanche d’ici 2027 ». Une ambition présidentielle. Un projet national

Dans le Ziro aussi, deuxième étape de la tournée, l’espoir renaît. Le gouverneur Adama Jean Yves Béré insiste : « L’absence de réseau, c’est plus qu’un handicap. C’est un isolement. » Chaque nouvel équipement, chaque mât érigé, est une brèche dans ce mur d’exclusion numérique.

Le chantier est titanesque. Les obstacles, nombreux. Coût élevé, accès difficile, insécurité dans certaines zones. Mais la volonté politique semble solide. L’État entend couvrir les zones non rentables, celles que les opérateurs ont laissées de côté.

Au retour, la ministre prend le temps de saluer les habitants. Elle promet que rien ne sera laissé au hasard. Dans son sillage, elle laisse une étincelle. Un filet d’espoir, fragile mais tenace.

Bientôt, peut-être, les enfants du Nando feront leur devoir en ligne. Les femmes vendront leurs produits via WhatsApp. Les soignants contacteront leurs collègues à distance. La promesse du numérique pour tous prend enfin racine, au cœur même du pays profond.

 

Burkina Faso : 43 % de la population a moins de 15 ans

Avec 43 % de sa population âgée de moins de 15 ans, le Burkina Faso fait face à une pression démographique qui bouleverse ses équilibres économiques et sociaux. Cette pyramide des âges, révélée par l’INSD en 2019, dessine le portrait d’un pays jeune, mais confronté à de lourds défis structurels.

 

Une dépendance économique élevée

Cette jeunesse, bien que porteuse d’avenir, engendre un taux de dépendance économique élevé. Une large partie de la population n’est pas encore en âge de produire des richesses. Les actifs supportent donc seuls le coût de l’éducation, de la santé et de la protection sociale de millions d’enfants. Ce déséquilibre freine l’épargne des ménages et limite les investissements à long terme.

 

Des services sociaux sous pression

Le poids des jeunes pousse les infrastructures de base à leurs limites. Les écoles, centres de santé et programmes sociaux peinent à répondre à la demande croissante. Chaque année, des milliers d’enfants naissent dans un système qui peine à les accompagner correctement vers l’âge adulte. Faute d’accès équitable à l’éducation et à la santé, ces enfants risquent de devenir une génération sacrifiée.

 

Un dividende démographique à construire

Pourtant, cette jeunesse représente un potentiel économique considérable, à condition de l’intégrer pleinement au marché du travail. Cela suppose des politiques ambitieuses : réforme de l’éducation, création d’emplois décents, soutien à l’entrepreneuriat jeune et accès au financement. Sans cela, le pays pourrait voir naître une instabilité sociale liée au chômage massif des jeunes.

 

Une nécessité de planification

À court terme, l’État devrait renforcer la planification familiale et investir davantage dans la santé reproductive. À moyen terme, il faudrait accélérer l’industrialisation, renforcer les filets sociaux et développer les filières agricoles pour absorber cette main-d’œuvre future.

Le Burkina Faso vit une transition démographique inachevée, où le potentiel cohabite avec le risque. La jeunesse massive du pays appelle une réponse stratégique, volontariste et coordonnée. Sans cela, le poids démographique actuel pourrait devenir un frein au développement durable.

 

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Fermeture temporaire des services consulaires français au Burkina Faso : ce qu’il faut retenir

Depuis le 25 juillet 2025, les services consulaires de l’ambassade de France à Ouagadougou et ceux du consulat général de Bobo-Dioulasso sont temporairement fermés au public. Cette décision, annoncée par un bref communiqué officiel, soulève de nombreuses interrogations dans un contexte régional tendu et de réorganisation diplomatique progressive de la France au Sahel.

La représentation diplomatique n’a pas précisé les motifs exacts de cette fermeture. Elle a toutefois indiqué que seuls les cas d’urgence avérée seront traités durant cette période. Aucun calendrier de réouverture n’a été communiqué à ce jour, laissant les usagers dans l’expectative.

 

Une décision symbolique dans un contexte délicat

Cette suspension des services consulaires intervient alors que les relations entre la France et plusieurs pays de la région sahélienne — dont le Burkina Faso — connaissent des tensions croissantes. Depuis l’arrivée au pouvoir des autorités de transition burkinabè, les autorités françaises ont réduit leur présence militaire et adapté leur stratégie diplomatique, dans un climat de rejet croissant de la politique française en Afrique de l’Ouest.

La mesure pourrait ainsi s’inscrire dans un processus plus large de repositionnement diplomatique ou être dictée par des considérations sécuritaires, compte tenu de la situation volatile dans certaines zones du pays.

Conséquences pour les usagers

Cette fermeture a un impact direct sur de nombreux usagers, notamment les ressortissants français, les binationaux, les étudiants ou les demandeurs de visa. L’absence de service de délivrance de documents administratifs ou de traitement des demandes consulaires risque de perturber plusieurs démarches essentielles.

Les autorités françaises appellent les usagers à la patience et à la vigilance, tout en rappelant que les urgences continueront d’être prises en charge via les canaux habituels.

Un signal diplomatique à surveiller

Bien que temporaire, cette fermeture soulève des interrogations sur l’évolution des relations franco-burkinabè. Elle peut être perçue comme un signal politique, voire comme un ajustement à une nouvelle donne diplomatique en Afrique de l’Ouest. Reste à savoir si cette suspension est de courte durée ou si elle préfigure un retrait plus profond.

Apres La république Arabe d’Égypte : Le Haut Conseil économique arabe s’engage aux côtés du Burkina Faso

Le « pays des hommes Intègre » continue d’attirer des nation amis. Apres un forum économique entre hommes d’affaires égyptiens et burkinabè ; et la signature d’un mémorandum d’entente en matière de consultations politiques et diplomatiques avec la république Arabe d’Égypte, le Haut Conseil économique arabe a affirmé, ce 22 juillet 2025, son soutien au Burkina Faso à travers une coopération renforcée, marquée par un don de vivres, un appui humanitaire ciblé et l’ouverture prochaine d’un bureau national.

Le Burkina Faso, confronté à une crise humanitaire persistante aggravée par les déplacements internes massifs, vient de bénéficier d’un appui stratégique de la part du Haut Conseil économique arabe. Cette structure, affiliée au système des Nations Unies, s’est engagée à accompagner les autorités burkinabè dans la mobilisation rapide de ressources et dans la promotion de leur cause auprès des instances internationales.

La ministre de l’Action humanitaire, le commandant Passowendé Pélagie Kaboré, a accueilli une délégation du Conseil. Le président du Conseil, Hassan Abuzaid Hani M., conduisait cette délégation en visite officielle. Les deux parties ont échangé sur l’urgence humanitaire et les besoins des populations déplacées. À l’issue de la rencontre, un geste concret a marqué l’engagement du Conseil. La délégation a annoncé la remise de 10 tonnes de vivres. Ces vivres iront aux personnes déplacées internes et aux communautés hôtes les plus vulnérables.

 

Un appui en phase avec les priorités humanitaires nationales

Cette rencontre s’inscrit dans un contexte d’urgence humanitaire au Burkina Faso, où plus de 2 millions de personnes déplacées ont été recensées depuis le début de la crise sécuritaire. La ministre Kaboré a salué ce soutien comme un signal fort de solidarité arabe, tout en présentant les priorités de son département. Celles-ci reposent sur le Plan national de réponse humanitaire (PNRH) et la Stratégie nationale de relèvement, deux cadres d’intervention axés sur l’autonomisation des bénéficiaires et la réduction de leur dépendance à l’aide d’urgence.

Selon la ministre, le partenariat avec le Haut Conseil ne se limite pas à l’aide ponctuelle. Il vise à renforcer l’impact structurel de l’action humanitaire à travers des mécanismes de financement durables, des projets d’infrastructure communautaire, et des conseils stratégiques aux États membres. Cet engagement s’inscrit dans une dynamique régionale de coopération Sud-Sud.

 

En marche vers l’installation d’un bureau national

L’une des retombées majeures de cette visite est l’annonce de l’ouverture prochaine d’un bureau du Haut Conseil économique arabe à Ouagadougou. Ce bureau servira de relais local pour coordonner les projets de développement, faciliter l’accès aux financements et accompagner la mise en œuvre des initiatives communes.

D’après Hassan Abuzaid Hani M., le Burkina Faso bénéficie aujourd’hui d’une attention particulière en raison de son rôle central dans la zone sahélienne, mais aussi en raison de la résilience affichée par sa population face aux défis sécuritaires et économiques.

 

Une coopération multidimensionnelle

Outre le volet humanitaire, les échanges ont permis d’identifier plusieurs domaines de coopération potentielle : sécurité alimentaire, relèvement économique, infrastructures, autonomisation des femmes, accompagnement des jeunes, transformation locale des ressources, ou encore amélioration des capacités institutionnelles.

Cette approche globale témoigne d’une volonté de passer d’une aide d’urgence à une solidarité structurante, en ligne avec la vision du Burkina Faso pour un développement souverain et inclusif. La présence d’acteurs non étatiques comme le Haut Conseil économique arabe dans la scène humanitaire marque un tournant dans la diversification des partenaires du pays.

 

Une dynamique à suivre

L’engagement du Haut Conseil économique arabe ouvre une nouvelle phase de coopération internationale pour le Burkina Faso, centrée sur la dignité des populations vulnérables et l’efficacité de l’aide. Ce partenariat, encore à ses débuts, sera scruté dans les mois à venir pour en évaluer les impacts concrets sur le terrain.

Tenkodogo : Un magistrat burkinabè condamné pour escroquerie.

Le 16 juillet 2025, une audience foraine s’est tenue à Tenkodogo. Elle marque un tournant dans la lutte contre la corruption au sein même de l’appareil judiciaire burkinabè. Dans le box des accusés : un magistrat, un inspecteur de sécurité pénitentiaire et un tiers, tous poursuivis pour des faits graves. Corruption, escroquerie, acceptation de cadeaux indus : les chefs d’accusation sont lourds. Et les verdicts rendus par la Cour d’appel de Fada N’Gourma en déplacement en disent long sur la volonté d’assainissement en cours.

 

Une procédure emblématique

Les faits remontent à plusieurs mois. En octobre 2022, le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Tenkodogo avait déjà statué sur ce dossier. Le magistrat B. S. F., l’inspecteur pénitentiaire M. K., et un troisième prévenu, C. T., avaient été condamnés pour des faits d’escroquerie et de corruption. Ils ont tous interjeté appel. C’est dans ce cadre qu’est intervenue cette audience foraine. Elle s’est déroulée dans la salle d’audience du TGI de Tenkodogo, en présence de représentants de l’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) et du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC).

 

Des sanctions judiciaires et disciplinaires

Le magistrat B. S. F. a comparu. La Cour a maintenu sa culpabilité pour escroquerie. Elle l’a condamné à 15 mois de prison avec sursis, assortis d’une amende de 2 millions de FCFA. À  ce jugement s’ajoute une sanction disciplinaire déjà infligée par le Conseil supérieur de la magistrature.

Ses deux co-prévenus, absents à l’audience, ont vu leurs peines initiales confirmées. Le tribunal les avait jugés par défaut. Ils restent donc condamnés tels que statués en première instance.

Enfin, les trois prévenus sont condamnés solidairement à verser 500 000 FCFA au REN-LAC, pour couvrir les frais de procédure. Ils devront aussi payer les dépens du procès.

 

Une affaire symbolique

Le jugement rendu à Tenkodogo est significatif. Il intervient dans un contexte où la justice burkinabè tente de restaurer la confiance des citoyens. En sanctionnant un de ses propres membres, elle envoie un signal clair. Nul n’est au-dessus de la loi, pas même ceux chargés de l’appliquer.

La présence de l’ASCE-LC à l’audience souligne l’importance accordée à cette affaire. L’institution insiste sur son rôle dans la promotion de l’éthique et de la redevabilité. Le REN-LAC, partie civile dans ce dossier, voit cette décision comme un pas en avant dans la lutte contre l’impunité des élites administratives et judiciaires.

 

La justice face à ses défis

Cette affaire met en lumière les défis internes de la justice burkinabè. Si des efforts sont faits pour poursuivre les fautes administratives et financières, l’impact réel reste à consolider. L’indépendance des juges, la transparence des procédures et la confiance des citoyens sont encore fragiles.

En rendant une décision publique et ferme contre l’un de ses membres, l’institution judiciaire se donne les moyens de son redressement. Mais elle devra aller plus loin : renforcer les mécanismes de contrôle, protéger les lanceurs d’alerte et mieux informer les citoyens de leurs droits face aux abus.

 

Un test pour la gouvernance

Dans un pays confronté à de nombreux défis sécuritaires et sociaux, l’assainissement de la justice est crucial. Il conditionne la légitimité de l’État, l’efficacité des réformes et la réussite des politiques publiques. Ce jugement symbolique à Tenkodogo s’inscrit dans cette dynamique.

La suite dépendra de la constance de la volonté politique, de la mobilisation citoyenne et du soutien institutionnel à la lutte contre la corruption. Le cas du magistrat B. S. F. ne doit pas rester isolé, mais servir de précédent. Car seule une justice exemplaire peut inspirer le respect et garantir la paix sociale.

Soins de santé de qualité à coût réduit au Burkina : Des mesures concrètes sont prises

Depuis avril 2024, le gouvernement du Burkina a engagé une série de réformes pour faciliter l’accès aux soins de santé, en réduisant les coûts de certains examens médicaux majeurs. Une caravane de presse, organisée du 22 au 26 juillet 2025, permet de constater l’application effective de ces mesures dans plusieurs centres hospitaliers du pays.

 

La première étape a conduit les journalistes au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Bogodogo, puis à celui de Ziniaré. Objectif : vérifier la baisse des prix des examens d’imagerie médicale et la suppression des cautions liées à l’hémodialyse.

Concrètement, le scanner, auparavant facturé à 50 000 FCFA, est désormais à 25 000 FCFA. L’IRM est passée de 100 000 FCFA à 40 000 FCFA. Autre décision saluée : la suppression de la caution de 500 000 FCFA exigée aux patients dialysés. Enfin, les médicaments essentiels génériques de la CAMEG sont désormais proposés à un tarif réduit.

Sur le terrain, ces mesures sont bel et bien appliquées. À Bogodogo, Mahamadi Ilboudo, qui accompagne son père malade, affirme : « Depuis que les médicaments essentiels sont moins chers, je peux mieux gérer ses traitements. Cela a réduit nos dépenses de manière significative ».

L’objectif du Burkina est clair : soulager financièrement les familles, souvent écrasées par les coûts de la santé, et rendre les soins accessibles au plus grand nombre. Ces décisions s’inscrivent dans une dynamique plus large de réformes sociales et sanitaires engagées depuis 2023.

Cependant, certains défis persistent. Les capacités techniques des centres de santé, la régularité de l’approvisionnement en médicaments et la qualité de la prise en charge doivent suivre le rythme des ambitions affichées.La caravane poursuivra sa mission dans d’autres structures sanitaires pour dresser un état des lieux complet. Mais déjà, cette première étape montre que la politique de réduction des barrières financières aux soins produit des effets visibles.

 

 

Burkina Faso/Plastique interdit, économie menacée : Les petits vendeurs en pleur

Depuis début juillet 2025, le Burkina Faso a interdit le Sachet plastique non biodégradable. Cette mesure, saluée pour son ambition écologique, bouleverse pourtant l’économie informelle. Les vendeurs de rue, en particulier à Ouagadougou, subissent de plein fouet les conséquences de cette interdiction.

 

Dans les quartiers populaires de la capitale, le sachet plastique était bien plus qu’un simple emballage. Il incarnait un outil indispensable à l’activité quotidienne. Pour les petits restaurateurs, les vendeuses de jus et les revendeurs de plats locaux, ce contenant bon marché permettait de satisfaire une clientèle nombreuse et peu fortunée.

Mais aujourd’hui, tout change.

L’interdiction de sachet plastique vise à réduire la pollution plastique, qui encombre les rues, bouche les caniveaux et menace la biodiversité. L’objectif environnemental est clair : faire du Burkina un pays plus propre et durable. Toutefois, cette politique publique se heurte à une réalité sociale et économique plus complexe.

 

 Une transition difficile pour l’économie informelle

Germaine Bationo, vendeuse de jus, illustre cette difficulté. Elle a tenté de proposer des alternatives. Elle a opté pour des petits bidons ou des gobelets. Pourtant, les clients boudent ces solutions. Ils les jugent trop chères ou peu pratiques. Pire encore, certains refusent de boire dans des récipients réutilisables, qu’ils estiment peu hygiéniques.

Ces réactions montrent que le changement ne se décrète pas. Il s’accompagne, se prépare et s’adapte aux pratiques sociales. L’interdiction des sachets bouleverse des habitudes ancrées depuis des décennies. Elle fragilise aussi des milliers de travailleurs du secteur informel, qui n’ont ni le capital ni la logistique pour opérer une reconversion rapide.

 

Le coût des alternatives, un frein majeur

Le sachet plastique avait un avantage : son prix. Les sachets se vendaient à quelques francs. À l’inverse, les contenants biodégradables ou réutilisables coûtent plus cher. Parfois, ils sont même introuvables en gros. Cette inflation menace l’équilibre financier de petites activités déjà précaires.

Une vendeuse de tô, par exemple, gagnait en moyenne 2 000 francs CFA par jour. Avec les nouveaux emballages, ses charges augmentent. Son bénéfice diminue. Pour compenser, elle devrait soit réduire la qualité, soit augmenter les prix. Or, ses clients, souvent modestes, ne peuvent pas payer plus.

 

Une mesure écologique qui manque d’ancrage local

La volonté de protéger l’environnement est légitime. Mais sans accompagnement économique, elle risque d’exclure les plus vulnérables. Le succès d’une telle réforme dépend de plusieurs facteurs : accessibilité des alternatives, sensibilisation des consommateurs, soutien aux vendeurs.

Aujourd’hui, ces piliers manquent encore. Les restaurateurs ne sont pas formés à l’utilisation d’autres contenants. Les clients ne sont pas informés des raisons du changement. Les producteurs locaux d’emballages écologiques n’ont pas reçu de soutien massif pour proposer des solutions abordables.

 

Que faire pour réussir cette transition ?

Pour éviter un rejet massif de la réforme, des mesures d’accompagnement s’imposent :

  • Soutenir financièrement les vendeurs informels, notamment par des subventions ciblées sur les emballages écologiques.
  • Former les acteurs de la chaîne alimentaire à l’utilisation d’alternatives durables et hygiéniques.
  • Communiquer largement auprès des populations, en expliquant les enjeux écologiques et en valorisant les gestes responsables.
  • Encourager la production locale de contenants biodégradables, pour stimuler une filière verte et créer de l’emploi.
  • Mettre en place une phase transitoire plus souple, permettant aux acteurs les plus vulnérables de s’adapter progressivement.

 

Une réforme à fort potentiel, mais inégalement ressentie

L’interdiction des sachets plastiques non biodégradables constitue une avancée majeure. Mais son efficacité dépendra de sa mise en œuvre inclusive. Si la transition n’intègre pas les réalités économiques du secteur informel, elle risque d’aggraver les inégalités sociales.

Ce sont les plus petits qui paient le plus lourd tribut à cette réforme. Or, ce sont eux aussi qui constituent l’ossature de l’économie urbaine.

 

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