Les tensions montent : Une autopsie ordonnée pour Alino Faso, rapatrié d’Abidjan

La justice burkinabè a procédé à une autopsie sur le corps d’Alain Christophe Traoré, connu sous le nom d’Alino Faso, rapatrié lundi 18 août 2025 de Côte d’Ivoire. Décédé en détention à Abidjan dans des circonstances controversées, le cyberactiviste est au centre d’une affaire qui alimente tensions diplomatiques et mobilisation populaire.

 

Le cercueil d’Alino Faso a été accueilli à l’aéroport de Ouagadougou peu avant 14h par un avion militaire burkinabè, avant d’être transféré à la morgue de Bogodogo. À 14h40, il a été sorti du hall d’attente de la gendarmerie en présence d’une foule venue rendre hommage au défunt. Plusieurs membres du gouvernement, le président du Tribunal de grande instance Ouaga I, ainsi que des artistes et influenceurs, ont assisté à cette cérémonie.

Dans un communiqué publié mercredi, le procureur du Faso, Blaise Bazié, a indiqué qu’« une autopsie a été réalisée sur la dépouille de Alino Faso le 19 août 2025 par une équipe de médecine légale au Centre hospitalier universitaire de Bogodogo, avant la remise du corps à la famille ». Les résultats seront intégrés au dossier d’instruction, et toute personne pouvant aider à faire la lumière sur les circonstances de la mort est invitée à se rapprocher du cabinet du doyen des juges d’instruction du TGI Ouaga I.

Le décès, survenu le 24 juillet dernier dans une cellule de l’École de gendarmerie d’Abidjan, reste source de polémique. Alors que le parquet ivoirien parle de suicide et affirme que le détenu bénéficiait de conditions « privilégiées », les autorités burkinabè évoquent un possible « assassinat crapuleux ».

Cette affaire, qui a déjà provoqué des tensions diplomatiques entre Ouagadougou et Abidjan, survient dans un contexte marqué par la rupture de l’Alliance des États du Sahel (AES) avec la Cédéao. Le gouvernement burkinabè promet que « la mort d’Alino Faso ne restera pas impunie » et garantit des obsèques dignes pour cet activiste dont la générosité est « connue et reconnue ».

Ouattara–Traoré : un bras de fer qui paralyse l’UEMOA

Le 11 juillet 2025, les ministres des États membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) doivent se réunir à Dakar. Mais à quelques jours de cette importante rencontre, l’organisation sous-régionale est en proie à une crise inédite. En toile de fond : le refus catégorique du président ivoirien, Alassane Ouattara, de voir le Burkina Faso assurer la présidence tournante du Conseil des ministres de l’UEMOA. Une position qui expose au grand jour les tensions UEMOA et menace l’unité d’une institution clé de l’intégration régionale.

Une rotation bloquée, un principe bafoué

Au sein de l’UEMOA, la présidence du Conseil des ministres est une fonction tournante. Chaque État membre doit, à tour de rôle, assumer cette responsabilité. En 2025, le tour revient au Burkina Faso, conformément à l’ordre protocolaire établi depuis la création de l’union en 1994.

Pourtant, cette règle simple est aujourd’hui contestée. Selon plusieurs sources diplomatiques, le président Alassane Ouattara aurait signifié son opposition à ce passage de relais. Il estime que le Burkina Faso, dirigé par un régime issu d’une transition militaire, ne saurait présider une instance aussi stratégique. Ce rejet unilatéral met en évidence une tension grandissante entre Abidjan et Ouagadougou.

Une crise politique déguisée en affaire institutionnelle

Derrière l’argument de la légitimité démocratique se cache une lutte d’influence plus profonde. Le président Traoré, depuis son arrivée au pouvoir en septembre 2022, incarne une nouvelle génération de dirigeants ouest-africains. Il prône la souveraineté, l’auto-détermination et une rupture avec les logiques de dépendance héritées de l’époque coloniale.

Cette posture agace Alassane Ouattara, perçu comme le garant des équilibres classiques, proches des institutions financières internationales et des partenaires occidentaux. Le Burkina Faso, avec le Mali et le Niger, forme désormais un bloc contestataire au sein de la région. La crise actuelle à l’UEMOA n’est donc pas un simple malentendu administratif : elle est l’expression d’une fracture idéologique majeure.

Une paralysie aux conséquences régionales

Le refus de voir le Burkina Faso accéder à la présidence du Conseil des ministres de l’UEMOA a déjà un effet concret : le blocage du fonctionnement de l’organisation. Sans présidence officielle, la réunion du 11 juillet pourrait être reportée, voire annulée. Les décisions attendues sur la convergence économique, les politiques douanières ou la régulation monétaire sont donc compromises.

Or, dans un contexte de crise économique mondiale, les États membres ont besoin d’une UEMOA stable, efficace et solidaire. Cette paralysie inquiète déjà plusieurs partenaires techniques et financiers. Les tensions UEMOA pourraient nuire aux perspectives d’investissement et au climat de confiance entre les pays membres.

Une fracture assumée entre États

La réaction des autorités burkinabè ne s’est pas fait attendre. À Ouagadougou, des voix officielles dénoncent une volonté de « museler un État membre au nom d’un alignement politique ». Pour les partisans du pouvoir de transition, ce refus est une attaque contre la souveraineté du Burkina Faso.

Plusieurs analystes rappellent qu’aucun texte de l’UEMOA n’interdit à un gouvernement de transition d’exercer la présidence tournante. Le Mali et le Niger, eux aussi dirigés par des militaires, pourraient emboîter le pas au Burkina Faso et refuser d’assister à la réunion si leur voisin n’en assure pas la présidence comme prévu.

Une institution fragilisée

Cette crise met en lumière la vulnérabilité des institutions régionales. L’UEMOA, censée promouvoir l’intégration économique, se retrouve prisonnière de conflits politiques entre chefs d’État. Les valeurs d’équité, d’unité et de solidarité qui fondent l’organisation semblent mises entre parenthèses.

Plus inquiétant encore, ce bras de fer révèle une politisation croissante des espaces techniques de coopération. À terme, cela pourrait fragiliser la monnaie unique CFA, déjà sous pression, et provoquer un désengagement progressif de certains pays. Si les tensions UEMOA persistent, c’est toute l’architecture d’intégration sous-régionale qui risque de vaciller.

Appels au dialogue

Face à cette impasse, plusieurs diplomates appellent au calme et à la médiation. Le Sénégal, qui accueille la réunion du 11 juillet, joue la carte de la neutralité. Il cherche à convaincre les parties de trouver une solution politique et symbolique qui éviterait l’escalade.

Des observateurs évoquent l’idée d’une présidence partagée ou déléguée temporairement à un pays tiers. Mais ces options, si elles calment la situation à court terme, ne résoudront pas la question de fond : peut-on exclure des États membres d’une organisation pour des raisons politiques ? Et jusqu’à quand les institutions régionales pourront-elles fonctionner sans s’adapter aux nouvelles réalités géopolitiques ?

Une querelle révélatrice

La crispation entre Ouattara et Traoré est révélatrice des mutations en cours en Afrique de l’Ouest. Elle oppose deux visions de la souveraineté, deux générations de dirigeants, deux modèles d’alliance. D’un côté, une gouvernance libérale ancrée dans les partenariats traditionnels. De l’autre, une approche plus radicale de la souveraineté et du développement endogène.

Cette opposition gagne les institutions régionales. Et si elle n’est pas régulée, elle pourrait entraîner une crise plus large de légitimité au sein de la CEDEAO, de l’UEMOA, voire de la zone franc elle-même. Le bras de fer en cours dépasse largement le seul cas burkinabè. Il engage l’avenir du multilatéralisme africain.

 

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Les tensions s’aggravent entre la Minusca et la Centrafrique

Les tensions entre le gouvernement centrafricain et la Minusca, la mission onusienne de maintien de la paix en Centrafrique, ne cessent de s’aggraver.

 

Lundi 21 février, quatre soldats français de cette force ont été arrêtés alors qu’ils étaient à l’aéroport de Bangui, escortant le chef de la Minusca qui devait prendre un vol.

Un incident qui s’ajoute à d’autres et qui illustre la mésentente croissante entre Bangui et la Minusca, notamment depuis le rapprochement de ce pays avec la Russie et la présence sur son sol des mercenaires du groupe Wagner.

Les soldats de l’ONU font face à une situation difficile sur le terrain.

La « propagation des rumeurs ».

Les réseaux sociaux et quelques radios privées à Bangui sont cités dans le communiqué de la Minusca comme étant ceux qui propagent en ce moment des rumeurs sur l’arrestation par la gendarmerie de quatre soldats français de la force onusienne.

Ces médias affirment en effet que les soldats français qui se trouvaient à l’aéroport de Bangui, à l’heure où l’avion de Faustin Archange Touadéra atterrissait, voulaient assassiner le président centrafricain. Une accusation que la Minusca rejette catégoriquement.

La source des tensions.

La Minusca est au centre de la polémique depuis un certain temps dans le pays. En novembre dernier, un bus transportant les éléments de la police onusienne, composé majoritairement par des Egyptiens, a été mitraillé par la garde présidentielle alors qu’il se trouvait près de la présidence centrafricaine.

Faustin Archage Touadéra, le président centrafricain.

Par ailleurs, la force onusienne a souvent souligné la coopération difficile avec l’Etat centrafricain, dénonçant notamment le blocage, par des soldats centrafricains, des routes qui conduisent aux différentes bases de la Minusca.

Selon plusieurs sources, les tensions se sont aggravées depuis que la Minusca a exprimé son mécontentement face à la coopération militaire entre l’Etat centrafricain et le groupe paramilitaire russe Wagner.

La Centrafrique nie formellement la présence de ce groupe sur son territoire mais l’Union européenne a suspendu sa mission de formation dans ce pays en mettant en avant la présence du groupe Wagner.

A cela s’ajoutent les nombreux rapports des droits de l’homme auxquels la Minusca a contribué, des rapports qui mettent en cause, « des agents de l’Etat » impliqués dans des actes de violations des droits humains.

Certains estiment aussi que le fait d’arrêter les quatre soldats français serait la conséquence d’un sentiment anti-français qui, comme dans certains pays du Sahel comme le Mali, a commencé à se propager en Centrafrique.

 

 

RCA : retour au calme après une vive tension à Ippy

Ce sont les positions des soldats FACA dans la ville qui ont été attaquées par les présumés rebelles de l’unité pour la paix en Centrafrique (UPC).

 

La ville d’Ippy, située à 496 kilomètres au nord de la capitale a été secouée  cette nuit par des détonations d’armes lourdes et légères. Selon les autorités locales, ce sont les positions des soldats FACA dans la ville qui ont été attaquées par les présumés rebelles de l’unité pour la paix en Centrafrique (UPC). Ce mercredi matin, la ville retrouve son calme, mais toutes les activités tournent au ralenti.

Selon des informations recueillies ce matin auprès des autorités locales, c’était hier nuit vers 23 heures que les assaillants, identifiés comme des combattants rebelles de l’unité pour la paix en Centrafrique (UPC), en provenance de l’Est de la ville, ont attaqué une position  de l’armée nationale dans la ville. Durant plusieurs heures, c’est la détonation d’armes lourdes et légères qui raisonne dans toute la ville, paniquant davantage les populations civiles.

Pour l’heure, aucun bilan provisoire de l’attaque n’est annoncé, et le calme est revenu à Ippy. Toutefois, les activités administratives et économiques ne sont pas encore reprises.

Rappelons que  le mardi dernier, vers 4 heures du matin, les présumés rebelles de l’unité pour la paix en Centrafrique (UPC) du sulfureux mercenaire tchado-nigérien Ali Darassa ont attaqué les positions de l’armée nationale dans la ville de Bria. Le bilan faisait état de trois morts et sept blessés.

Cependant  à Bangui, les habitants vivent dans une inquiétude générale suite aux rumeurs d’une attaque imminente de la capitale par les rebelles de la coalition des patriotes pour le changement (CPC).

RCA-Bria : tension entre les Casques bleus et les mercenaires de Wagner

Les tensions sont toujours aussi vives entre les mercenaires de Wagner et les Casques bleus de la Minusca.

 

Trois jours après la tentative d’arrestation à Bria du chef du détachement des forces armées centrafricaines (FACA), la tension est toujours vive entre les mercenaires de Wagner et les Casques bleus de la Minusca, provoquant ainsi un face-à-face tendu entre eux dans un quartier de Bria la semaine dernière.

Depuis quatre jours, on assiste miraculeusement à un départ massif des jeunes de Bria pour la capitale Bangui. Ils évoquent la situation sécuritaire qui prévaut en ce moment dans leur ville.

Selon plusieurs d’entre eux, les mercenaires de la société russe Wagner ont juré de mener une opération musclée dans les prochains jours dans les différents quartiers de la ville.

« Officiellement, les hommes de Wagner disaient qu’ils vont chercher des armes et des effets militaires, mais officieusement, leur objectif serait d’arrêter massivement les jeunes qu’ils considèrent désormais comme des complices du capitaine des FACA en fuite », affirment-ils.

Ainsi, quelques-uns d’entre eux sont partis alerter le service des droits de l’homme et de sécurité  des Nations unies. Mais ce samedi 10 juillet vers 16 heures, une colonne des mercenaires de Wagner, lourdement armés et dans leur véhicule, est entrée dans le quartier Mandet, situé au centre-ville. Les Casques bleus, informés aussi de la nouvelle, ont suivi les hommes de Wagner dans ce quartier. Lourdement armés dans leur véhicule blindé, les Casques bleus, arme au poing,  ont pris position dans des coins stratégiques du quartier Mandet face aux mercenaires de Wagner. Mais face à la présence de la Minusca, les mercenaires de Wagner ont laissé tomber leur plan et retournent dans leur base.

Désormais, les Casques bleus affirment que chaque déplacement des Wagner sera suivi d’une équipe armée afin d’enquêter de près sur leurs faits et gestes.

Rappelons que le jeudi dernier, un capitaine de l’armée nationale, chef du détachement militaire à Bria a failli d’être arrêté par les mercenaires de Wagner. Soupçonné d’avoir vendu des armes aux jeunes de Bria qu’ils considèrent comme des « complices » des rebelles, l’homme avait pris fuite, et s’est réfugié dans la base de la Minusca. Ce qui a provoqué une vive tension entre les Casques bleus et les hommes de Wagner qui accusent désormais les jeunes de Bria, notamment du quartier Mandet d’être des complices de ce fameux capitaine.

RCA : la COD 2020 réunie malgré les tensions

Ils ont finalement pu se réunir pour dénoncer le pouvoir de vouloir les écarter du scrutin de décembre en invalidant leurs candidatures.

Alors que le meeting avait été initialement interdit, les 14 leaders de la coalition d’opposition centrafricaine, la COD 2020, ont pu se réunir dans la capitale Bangui. Ils ont accusé le pouvoir de, selon eux, vouloir les écarter du scrutin de décembre en invalidant leurs candidatures. Prenant la parole, l’ancien président renversé en 2013 François Bozizé a dénoncé le comportement de Faustin Archange Touadéra.

« Nous avons appelé à plusieurs reprises à une concertation nationale, pour pouvoir arriver aux élections dans un climat de paix, mais le président Touadéra a refusé. Nous sommes fatigué » a déclaré à la foule François Bozizé.

Alors que les élections législatives et présidentielles approchent, avec un premier tour le 27 décembre, le climat s’était tendu ses derniers jours, après une altercation entre des membres de la garde rapprochée de l’ancien président François Bozizé et des gardes présidentiels.

Centrafrique : vives tensions à Kaga-Bandoro

Une partie de la ville de Kaga-Bandoro est en ébullition depuis ce matin en raison d’une tentative de désarmement d’un lieutenant de Mahamat Alkhatim, appelé « Libanais », par les casques bleus pakistanais au marché central de la ville. Ce qui n’est pas du tout apprécié par les hommes du MPC.

L’opération du désarmement du nommé « Libanais », numéro 2 de Alkhatim par les casques bleus du contingent pakistanais a failli tourner au drame en plein centre commercial de la ville de Kaga-Bandoro.

Selon des sources sécuritaires contactées par CNC, « la ville de Kaga-Bandoro a été déclarée, il y a de cela quelques mois, ville sans armes et la MINUSCA a pour mission de veiller à son strict respect. C’est dans cette optique qu’ils ont voulu désarmer le numéro 2 du MPC, Libanais, qui a l’habitude de se promener avec son arme en pleine ville», ont-elles rapporté au CNC.

La tentative de désarmement d’un des principaux chefs du MPC est perçue par ces hommes comme de la provocation. « Quelques combattants présents au marché central de la ville ont voulu en découdre avec les pakistanais. On observe l’évolution de la situation pour le moment car on ne sait jamais », indique un habitant de Kaga-Bandoro.

Les autorités locales contactées n’ont pas voulu se prononcer. La MINUSCA, de son côté, dit « suivre de près la situation ».