L’ONG médicale et internationale MSF à Batangafo a été encore objet d’un braquage perpétré par un groupe d’assaillants dans la nuit du 24 au 25 novembre 2019.
En 2019, il y a eu 24 incidents sur les acteurs humanitaires à Batangafo. DRC, MENTOR, MSF et OXFAM ont tous été touchés.
Si l’on y voit bien, la ville de Batangafo, au nord-ouest du pays, est l’une des régions aujourd’hui les plus dangereuses pour les acteurs humanitaires car rien qu’en 2019, nous comptabilisons plus de 23 incidents délibérément orientés contre les travailleurs humanitaires.
Le dernier fait en date est celui du 24 au 25 novembre 2019, vers minuit, où plusieurs assaillants ont fait intrusion dans une des maisons de Médecins Sans Frontières (MSF) à Batangafo, munis d’armes blanches et automatiques. Quatre membres du staff MSF et Humanité et Inclusion (HI), et un petit bébé étaient présents au moment du braquage, et une personne a été blessée à l’arme blanche par les assaillants pendant l’intrusion. De l’argent et les effets personnels du staff ont été volés.
Suite à cet incident, qui a lieu quelques semaines seulement après le braquage de l’ONG Oxfam, MSF et HI se voient contraintes à « réduire leurs activités à l’hôpital et dans la périphérie de Batangafo dès ce mardi 26 novembre. Seules les urgences vitales continueront à être prises en charge au niveau de l’hôpital », a annoncé MSF.
Ces cas d’agression et de violences sur les humanitaires sont récurrents à Batangafo. Les humanitaires et le staff de MSF en particulier, ont déjà été l’objet de plusieurs incidents et agressions ces derniers temps, dont on compte au moins deux épisodes violents de tabassage et de menaces du personnel identifié MSF.
Au mois d’avril 2019, MSF avait suspendu toutes ses activités pendant plusieurs jours après l’assassinat d’un membre de son personnel. De plus, très récemment, suite au braquage violent de la base de l’ONG Oxfam, toutes les organisations humanitaires présentes sur place avaient appelé encore une fois tous les acteurs impliqués dans la crise à respecter l’action humanitaire pour permettre l’assistance aux populations civiles.
« L’engagement de tous est nécessaire pour garantir la sécurité de nos employés, de nos structures et surtout de nos patients, et pour ne plus permettre que de telles attaques aient lieu dans l’impunité totale », ont rappelé les ONG humanitaires basées à Batangafo.
«Aujourd’hui, nous n’avons d’autre choix que de suspendre à nouveau presque toutes nos activités à Batangafo, car nous ne pouvons plus travailler dans de telles conditions, dans la crainte constante d’être attaqués. » déplore Sébastien Delhoume, coordinateur MSF à Batangafo, « face à toute cette violence envers nos équipes, nous avons de plus en plus de difficultés à trouver du personnel médical qualifié acceptant d’être déployé ici et d’y rester. Ceci va sans doute impacter la qualité des soins que nous sommes en mesure d’offrir » conclut-il.
Médecins Sans Frontières est présent depuis 2006 à l’hôpital de Batangafo et sur les axes périphériques, pour offrir des soins gratuits à l’ensemble de la population. Pendant le premier semestre 2019, les équipes ambulatoires ont pu réaliser 43 500 consultations ambulatoires, traiter environ 41 000 cas de paludisme et hospitaliser plus de 4 500 patients. A la maternité, MSF a assisté 848 accouchements et les équipes de promotion de la santé ont effectué plus de 18 500 consultations et référé 600 patients avec des complications vers l’hôpital de Batangafo.