RCA : le gouvernement suspend le partenariat avec la mission économique russe

C’est une correspondance que Bangui a signifié la fin de la mission d’assistance technique auprès des différents postes de la Douane.

 

Le gouvernement centrafricain, dans une correspondance adressée au chef de mission économique  russe à Bangui, vient de lui signifier la fin de la mission d’assistance technique   auprès des différents postes de la Douane centrafricaine le 10 octobre prochain.

Le gouvernement centrafricain a signé en mai 2021 un protocole de collaboration avec la mission économique russe. Ceci dans le cadre de ses relations avec la Fédération de Russie. C’était en vue d’aider à identifier les leviers permettant une mobilisation accrue des ressources domestiques, conformément aux objectifs du programme économique et financier signé avec les partenaires techniques et financiers. Mais cet accord, loin de faire l’unanimité,  crée par contre une tension au sein de la douane centrafricaine, mais aussi entre le gouvernement centrafricain et ses partenaires internationaux.

Selon la banque mondiale et le FMI, cette Mission économique russe n’est une structure privée, une branche financière de la Société Wagner. Elle ne représente pas, et n’est pas soutenue par le Gouvernement de la Fédération de Russie et ne relève pas non plus, d’un accord officiel de coopération entre la Russie et le Gouvernement centrafricain. À cet effet, la banque mondiale et le FMI afin de mieux évaluer la complémentarité et la compatibilité de cette initiative, ils exigent que le gouvernement leur communique officiellement, et ce dans un bref délai, avant le 07 juin  2021, plus d’informations sur l’les accords entre gouvernement centrafricain et la  » Mission économique russe ».

« Nous aimerions être informés :

(i) du statut juridique de cette organisation (y compris le nom officiel, l’adresse, les noms des principaux responsables, le site Web, numéro d’enregistrement professionnel, qualification et expériences récentes) ;

(ii) des dispositions institutionnelles et de gouvernance du protocole d’accord (y compris les termes de référence détaillés des travaux à mener, les modalités des rapports d’activités, les mécanismes de contrôle de la qualité) ; et

(iii) des dispositions contractuelles et budgétaires (y compris le coût des services rendus ainsi que les modalités de paiement).

Entre-temps, au niveau des postes frontaliers, c’est le désordre total. À Béloko par exemple, les transporteurs et les commerçants se plaignent régulièrement  de la nouvelle règle instaurée  par ce soi-disant expert douanier russe. À titre d’exemple,  ce dernier exige, contrairement à la législation nationale,  que le poste de la douane centrafricaine de Béloko s’ouvre à partir de 16 heures avant de fermer à 21 heures plus tard. Cette situation génère de nombreuses frustrations au sein des agents douaniers affectés à Béloko, mais aussi des commerçants  et des transporteurs.  Et ce n’est pas tout !

Selon certains observateurs, si l’objectif principal était de lutter contre les fraudes douanières, ceci est un véritable échec. En effet, les mercenaires russes contrôlent totalement les frontières et les contrôles douaniers, et ce sont eux, qui, désormais, détournent les finances douanières. D’après eux, à chaque fois, les Russes repassaient derrière eux pour ajouter des taxes supplémentaires variables sur des marchandises.

Avec la suspension de cette mission économique russe, les centrafricains se disent soulager après plusieurs mois de souffrance totale.

RCA : explications sur l’accord douanier signé avec la mission économique russe

Un accord douanier a été signé le 7 mai dernier entre la mission économique russe et le ministère des Finances mais il ne cesse de provoquer des débats.

 

Les recettes douanières représentent près d’un tiers du budget de l’État centrafricain, mais les partenaires techniques et financiers pointent régulièrement des problèmes d’organisation et de corruption. Un accord douanier a été signé le 7 mai dernier entre la mission économique russe et le ministère des Finances mais il ne cesse de provoquer des débats. Dernière polémique, la vidéo d’un camion de la mission onusienne fouillé par les partenaires russes.

Ils sont une dizaine de conseillers techniques. Ils aident au redéploiement des douaniers sur le territoire, mais aussi à l’application des textes, explique le directeur général des douanes et droits indirects (DGDDI), Frédéric-Théodore Inamo : 

Suite à la signature de cet accord, certains commentateurs de la vie politique craignaient qu’une partie de ces taxes douanières reviennent aux partenaires russes : « Jamais, au grand jamais ça. Je peux vous rassurer, affirme le directeur des douanes centrafricaines. Dans le protocole d’accord, même si on est en train de le réviser, le Premier ministre a demandé une réunion d’évaluation tous les soirs pour voir l’impact de la mission sur les recettes douanières. »

Une vidéo largement partagée a aussi fait polémique. On y voit des partenaires de la mission russe fouiller un véhicule de la mission onusienne. « On ne culpabilise pas les responsables de la Minusca, mais les chauffeurs. Lorsqu’ils viennent avec les véhicules de la Minusca, ils s’arrangent avec les opérateurs économiques pour prendre les surplus sur les conteneurs et les mettre sous une bâche pour amener ça à Bangui. Les Russes, lorsqu’ils contrôlent et qu’ils trouvent les marchandises que les chauffeurs cachent, c’est quand même un plus », explique Frédéric-Théodore Inamo.

Dans son point presse de la semaine dernière, la Minusca alertait sur les violations persistantes de l’accord relatif au statut de la mission. Parmi ces violations, la mission onusienne pointe des blocages systématiques de ses convois. Les blocages de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), puis la contre-offensive, ont paralysé le principal corridor d’approvisionnement au premier trimestre. Mais le directeur général des douanes assure que le retard de perception des taxes douanières a déjà été rattrapé.