RCA : évaluation de la protection sociale sensible au VIH/Sida et à la Tuberculose

Un atelier d’évaluation de la protection sociale liée au VIH/Sida et à la Tuberculose a été ouvert ce mardi 1er mars 2022 par le ministre en charge de travail et de la protection sociale Annie Michelle Mouanga. Il est organisé du 1er au 3 mars avec l’appui de l’ONUSIDA.

 

Cet atelier vise à permettre aux acteurs de la protection sociale et de lutte contre le VIH/TB d’échanger et de renforcer leurs connaissances sur le rôle de la protection sociale sensible au VIH et à la TB pour l’amélioration de l’accès des PVVIH, des patients TB et des personnes à haut risque d’infection au VIH aux services de protection sociale de qualité et des résultats de la prévention, du traitement et de soins du VIH et de la tuberculose.

Dans le cadre de l’agenda 2030 pour le développement durable et les objectifs de développement durable (ODD), 193 États membres de l’ONU dont la RCA se sont engagés à mettre fin aux épidémies de VIH/Sida, tuberculose et paludisme d’ici 2030. De même à la suite de la déclaration de politique de l’ONUSIDA de 2016, les pays du monde fortement ou moyennement touchés par le VIH/Sida s’efforcent d’éradiquer la pandémie du Sida d’ici à 2030 puis de passer des programmes classiques de prévention et de traitement du VIH vers des programmes plus inclusifs, peu stigmatisant et non discriminatoire qui intègrent la riposte au VIH/TB dans des systèmes plus larges de protection sociale et de filets sociaux.

En RCA, en avril 2019, le Président de la République, Président du Comité National de Lutte contre le Sida (CNLS), a officiellement lancé les dix domaines d’impulsions présidentiels pour la Couverture Sanitaire Universelle en Centrafrique qui place la lutte contre le VIH et les autres maladies dans une stratégie globale incluant l’accès à l’éducation et l’égalité du genre.

« Afin de mieux appréhender et améliorer la situation des personnes vivant avec ou affectées par le VIH et la tuberculose, cette évaluation est initiée par le CNLS et la Direction générale de la Protection sociale, avec le soutien de l’ONUSIDA, afin de répertorier et faire une analyse critique du niveau d’intégration du VIH et de la TB dans les politiques et programmes de protection sociale, identifier les barrières qui limitent leur accès et de proposer des mesures correctives », a souligné Chanin Meledje représentante du représentant de l’ONUSIDA en Centrafrique.

En effet, cette évaluation de la sensibilité des dispositifs et mécanismes de protection sociale au VIH/TB se fera en partenariat avec les co-parrains de l’ONUSIDA, les réseaux nationaux de PVVIH, de populations clés, les organisations de personnes atteintes de tuberculose et les autres partenaires nationaux afin de déterminer dans quelles mesures les programmes de protection sociale prennent en compte les personnes vivant avec le VIH et les patients TB et celles qui courent un grand risque de contracter le VIH ou la TB.

Le ministre coordonnateur du CNLS Dr Wilfrid Nambei a fait observer que l’approche médical qui a longtemps caractérisé la lutte contre le sida mais, à l’heure actuelle, une dimension plus large doit guider la lutte contre cette pandémie. La protection sociale est donc efficace dans cette lutte.

« la protection sociale contribue efficacement à la réponse à l’infection à VIH/sida, en réduisant les inégalités en matière d’accès aux services sociaux de base, les inégalités d’accès aux services de santé et aux services économiques ainsi que dans la plus part de domaine de la vie qui touche les personnes vivant avec le VIH, y compris les personnes clés, notamment le professionnels de sexe et les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes », a-t-il spécifié.

RCA: des stratégies pour réduire la vulnérabilité des femmes face au VIH Sida

L’un des défis majeurs du siècle présent est la réelle participation des femmes et leurs apports dans le processus du développement sociopolitique, économique et culture. Toutefois, plusieurs études montrent que les femmes sont de plus en plus  marginalisées, violées et stigmatisées. Ce sombre tableau a un impact négatif et constitue un véritable obstacle à leur émancipation.

Si ce problème est d’ordre mondial, il est pire en Centrafrique qui traverse depuis plusieurs années des multiples crises militaro-politiques. Et, lors de ces crises, les groupes armés ne cessent d’utiliser les viols ou les agressions sexuelles contre les femmes. Des faits qui engendrent l’intensité de crise humanitaire pour toucher à la sensibilité du pouvoir en place. Mais, le comble est que cela a augmenté de manière considérable le taux de la contamination des maladies sexuellement transmissibles et le VIH SIDA.

Devant cette situation, le ministère de la promotion du genre, de la protection de la femme, de la famille et de l’enfant, a décidé d’organiser en collaboration avec le ministère en charge de la santé publique et de la population, avec l’appui de l’ONUSIDA et le Comité national de lutte contre le Sida (CNLS), un atelier national de validation du rapport d’évaluation du genre dans la réponse au VIH SIDA.

« Plusieurs études ont démontré que les femmes et les filles sont les plus infectées par le SIDA du faite de leur faible statut social, elles subissent des pratiques traditionnelles comme l’excision, elles sont des victimes de mariage forcé et surtout en étant mineur, certaines n’ont même pas le contrôle de leur sexualité en matière de la santé de reproduction et également  faute de moyen économique, elles sont obligées de se livrer à la prostitution.  Pour ce faire, nous allons élaborer et valider à la fin de cet atelier un plan d’action d’une durée de cinq (05) ans afin que des actions soient menées pour réduire la vulnérabilité des femmes en matière du VIH Sida », a déclaré Marguerite Ramadan, ministre en charge de la promotion du genre, de la protection de la femme, de la famille et de l’enfant.

Quant au docteur Eba Patrick, représentant pays de l’ONU Sida en Centrafrique, il est indispensable d’agir de manière urgente pour arrêter l’hémorragie : « La situation de la population en général mais celle des femmes et des filles en particulier est très préoccupante en Centrafrique en matière du VIH/Sida car, environ 54% des personnes vivant au VIH sont des femmes et des filles. L’accès au traitement pour éviter la transmission de la mère à l’enfant reste très limité. Si nous ne faisons rien pour améliorer cette situation, nous n’allons pas éliminer le VIH/Sida en RCA d’ici 2030. Il est donc urgent d’agir pour sauver la situation ».

Il a tout de même fait des propositions de stratégie dans l’optique de barrer la route à ce fléau : « D’abord, il faut améliorer l’accès aux services de prévention de la transmission mère-enfant pour protéger les femmes ainsi que les enfants, lever les barrières qui sont à l’origine de la vulnérabilité des femmes afin  de favoriser leur accès aux services de prise en charge. Ensuite, Il est aussi important de lutter contre les violences sexuelles faites aux femmes. Enfin, il faut tout faire pour améliorer la situation économique et sociale des femmes. Elles ont besoin d’avoir accès aux emplois, aux opportunités pour générer des revenus, car la plupart des femmes se laissent aller dans des rapports sans se protéger à cause de la pauvreté ».

L’occasion a été donnée à une personne vivant du VIH Sida de faire un témoignage, racontant comment elle a été affectée, son courage dans le processus de la prise en charge et la manière à laquelle elle gère sa vie pour faire face à cette maladie. Un témoignage édifiant qui a montré combien de fois, il est possible de combattre cette pandémie.

Rappelons que cet atelier s’est déroulé à l’hôtel Ledger Plazza à Bangui du 30 au 31 août 2021. Afin de donner des ouvertures aux participants sur la réalisation de ce projet, plusieurs thématiques sont développées par des experts de la santé et du service social. Ceci, sous la supervision du ministre en charge de la santé publique et de la population le docteur Pierre Somse  et de sa collègue en charge de la promotion du genre, de la protection de la femme, de la famille et de l’enfant Marguerite Ramadan.