Madagascar : la jeunesse renverse Rajoelina et réclame liberté et transparence

Madagascar bascule dans une nouvelle ère après la destitution d’Andry Rajoelina, victime d’un soulèvement populaire porté par la jeunesse. La génération Z et le soft power japonais s’imposent comme symboles de liberté et de lutte contre la corruption.

 

Le 17 octobre 2025, Madagascar a été le théâtre d’un soulèvement populaire ayant abouti à un coup d’État, portant le colonel Michael Randrianirina à la tête de la Refondation de la République de Madagascar. Le président déchu, Andry Rajoelina, qui avait accédé au pouvoir après un soulèvement populaire et avait été contraint par la communauté internationale à organiser des élections, voit ainsi son second mandat contesté pour des fraudes électorales.

Critiqué pour sa gouvernance défaillante, Rajoelina a conduit le pays à une crise profonde : réseaux d’eau et d’électricité défaillants, corruption généralisée, détournements de fonds publics et favoritisme. Cette situation a alimenté le mécontentement de la population, poussant les jeunes Malgaches à réclamer un retour à un État fonctionnel et transparent.

La génération Z malgache s’est mobilisée durant plusieurs semaines pour exiger de l’eau potable, de l’électricité et de meilleures conditions de logement étudiant. Ce mouvement a causé 22 morts et de nombreux blessés. L’armée, refusant de tirer sur les manifestants, a fini par se ranger du côté du peuple, entraînant la chute du régime et l’exfiltration de Rajoelina par la France.

Alors que l’ancien président tentait de maintenir son pouvoir et de dissoudre l’Assemblée nationale, les jeunes insurgés, les syndicats, les fonctionnaires et la classe politique ont appelé au maintien des institutions, craignant un blocus international. Le pays se trouve désormais en période de transition-refondation, avec la formation d’un gouvernement à venir.

Au-delà de Madagascar, la jeunesse mondiale s’inspire d’une culture commune symbolisée par le drapeau de pirate de One Piece, manga japonais d’Eiichirō Oda. Ce symbole de liberté et de lutte contre l’oppression a été brandi lors de manifestations de la Gen Z en Indonésie, au Népal, au Maroc, en France, en Serbie, au Kenya et à Madagascar. Le héros Luffy incarne l’idéal de la liberté, de l’amitié et du courage, des valeurs adoptées par une génération connectée et mondialisée qui combat la corruption et les élites corrompues.

Ce mouvement illustre aussi le succès du soft power japonais, qui, au-delà de ses technologies et innovations, a exporté sa culture manga à travers le monde. Celle-ci influence désormais la jeunesse dans ses revendications sociales et politiques, démontrant la puissance d’une culture qui dépasse les frontières.

La chute de Rajoelina, après 22 ans de pouvoir marqués par l’enrichissement des proches et l’appauvrissement de la population, clôt un cycle politique et ouvre la voie à une gouvernance renouvelée, plus attentive aux besoins du peuple. La population malgache rappelle ainsi que le pouvoir appartient au peuple et qu’il peut le reprendre lorsque la corruption et la mauvaise gestion prédominent.

Madagascar : le Colonel Randrianirina prend les rênes de la transition

La Haute Cour constitutionnelle a mis fin à l’incertitude politique à Madagascar. Après la destitution du président Andry Rajoelina, elle confie la transition au Colonel Michaël Randrianirina, chargé d’assurer la stabilité et de préparer les futures élections.

 

La Haute Cour constitutionnelle de Madagascar a constaté la vacance des fonctions de Président de la République et de Président du Sénat, confiant l’intérim au Colonel Michaël Randrianirina. La décision, rendue mardi, intervient après l’impossibilité pour Andry Rajoelina et le président du Sénat d’assurer leurs charges. Le Colonel Randrianirina, issu du Capsat, exercera la présidence par intérim sous la supervision de la Haute Cour, avec pour mission d’organiser une élection présidentielle dans un délai de 30 à 60 jours.

Cette mesure fait suite à la requête du vice-président de l’Assemblée nationale, Siteny Randrianasoloniaiko, qui dénonçait de graves violations constitutionnelles et un blocage institutionnel. Malgré la tentative de dissolution du Parlement par Andry Rajoelina, les députés ont adopté, le 14 octobre, une motion d’empêchement à 130 voix pour et une seule abstention. À la tête de la transition, le Colonel Randrianirina a annoncé la création du Conseil de défense nationale de transition (CDNT), chargé d’assurer les prérogatives présidentielles avec un gouvernement transitoire, tandis que l’Assemblée nationale reste en place. Le gouvernement de transition a également suspendu plusieurs institutions, dont le Sénat, la Haute Cour, la CENI, la HCJ et le HCDDED.

La transition, prévue pour une durée maximale de deux ans, vise à restaurer la stabilité nationale, rétablir la légalité républicaine et organiser un référendum constitutionnel suivi d’élections générales. Le pouvoir exécutif sera progressivement confié à un gouvernement civil, tandis que la présidence demeure sous supervision militaire temporaire.