Tenkodogo : Un magistrat burkinabè condamné pour escroquerie.

Le 16 juillet 2025, une audience foraine s’est tenue à Tenkodogo. Elle marque un tournant dans la lutte contre la corruption au sein même de l’appareil judiciaire burkinabè. Dans le box des accusés : un magistrat, un inspecteur de sécurité pénitentiaire et un tiers, tous poursuivis pour des faits graves. Corruption, escroquerie, acceptation de cadeaux indus : les chefs d’accusation sont lourds. Et les verdicts rendus par la Cour d’appel de Fada N’Gourma en déplacement en disent long sur la volonté d’assainissement en cours.

 

Une procédure emblématique

Les faits remontent à plusieurs mois. En octobre 2022, le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Tenkodogo avait déjà statué sur ce dossier. Le magistrat B. S. F., l’inspecteur pénitentiaire M. K., et un troisième prévenu, C. T., avaient été condamnés pour des faits d’escroquerie et de corruption. Ils ont tous interjeté appel. C’est dans ce cadre qu’est intervenue cette audience foraine. Elle s’est déroulée dans la salle d’audience du TGI de Tenkodogo, en présence de représentants de l’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) et du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC).

 

Des sanctions judiciaires et disciplinaires

Le magistrat B. S. F. a comparu. La Cour a maintenu sa culpabilité pour escroquerie. Elle l’a condamné à 15 mois de prison avec sursis, assortis d’une amende de 2 millions de FCFA. À  ce jugement s’ajoute une sanction disciplinaire déjà infligée par le Conseil supérieur de la magistrature.

Ses deux co-prévenus, absents à l’audience, ont vu leurs peines initiales confirmées. Le tribunal les avait jugés par défaut. Ils restent donc condamnés tels que statués en première instance.

Enfin, les trois prévenus sont condamnés solidairement à verser 500 000 FCFA au REN-LAC, pour couvrir les frais de procédure. Ils devront aussi payer les dépens du procès.

 

Une affaire symbolique

Le jugement rendu à Tenkodogo est significatif. Il intervient dans un contexte où la justice burkinabè tente de restaurer la confiance des citoyens. En sanctionnant un de ses propres membres, elle envoie un signal clair. Nul n’est au-dessus de la loi, pas même ceux chargés de l’appliquer.

La présence de l’ASCE-LC à l’audience souligne l’importance accordée à cette affaire. L’institution insiste sur son rôle dans la promotion de l’éthique et de la redevabilité. Le REN-LAC, partie civile dans ce dossier, voit cette décision comme un pas en avant dans la lutte contre l’impunité des élites administratives et judiciaires.

 

La justice face à ses défis

Cette affaire met en lumière les défis internes de la justice burkinabè. Si des efforts sont faits pour poursuivre les fautes administratives et financières, l’impact réel reste à consolider. L’indépendance des juges, la transparence des procédures et la confiance des citoyens sont encore fragiles.

En rendant une décision publique et ferme contre l’un de ses membres, l’institution judiciaire se donne les moyens de son redressement. Mais elle devra aller plus loin : renforcer les mécanismes de contrôle, protéger les lanceurs d’alerte et mieux informer les citoyens de leurs droits face aux abus.

 

Un test pour la gouvernance

Dans un pays confronté à de nombreux défis sécuritaires et sociaux, l’assainissement de la justice est crucial. Il conditionne la légitimité de l’État, l’efficacité des réformes et la réussite des politiques publiques. Ce jugement symbolique à Tenkodogo s’inscrit dans cette dynamique.

La suite dépendra de la constance de la volonté politique, de la mobilisation citoyenne et du soutien institutionnel à la lutte contre la corruption. Le cas du magistrat B. S. F. ne doit pas rester isolé, mais servir de précédent. Car seule une justice exemplaire peut inspirer le respect et garantir la paix sociale.

RCA : perquisition au domicile du député Weïdane

Teddy Weïdane, député de la circonscription de Bouca 2, est accusé d’escroquerie et vol aggravé.

Même si l’enquête judiciaire sur la fraude à la douane et trafic des faux documents officiels impliquant les députés Mathurin Dimbélé et Teddy Weïdane avait été définitivement suspendue par le parquet et transféré au service juridique de l’Assemblée national, l’enquête sur le volet opposant le député Teddy Weïdane à ses ex-complices camerounais se poursuit, et une perquisition avait eu lieu au domicile de l’honorable Weïdane.

En effet, suite à la plainte déposée par la partie plaignante camerounaise contre le député de la circonscription de Bouca 2 Teddy Weïdane pour escroquerie et vol aggravé, le parquet de Bangui avait ordonné une perquisition au domicile du suspect.

Assurément, depuis quelques années, une femme camerounaise, avec trois de ses compatriotes, s’adonnait au commerce des marchandises entre l’Europe et la République centrafricaine. Le député centrafricain de Bouca 2, moyennant une compensation financière, se présentait aux autorités centrafricaines comme le propriétaire de la cargaison afin que celle-ci soit exonérée des taxes fiscalo-douanières en RCA. Un jeu de mafia très juteux pour le député et ex-Anti-Balaka Weïdane. Mais cela ne va pas durer longtemps. Un jour, l’homme aurait tenté de jouer ses partenaires camerounais en bloquant une bonne partie de la marchandise importée, et ces derniers, à travers leur avocat,  ont immédiatement saisi la justice pour escroquerie aggravée. Depuis lors, l’enquête se poursuit, et deux perquisitions avaient eu lieu au domicile du suspect, le député de Bouca.

Les policiers de la CNS n’ont rien trouvé au domicile du député Teddy Weïdane lors de la perquisition. Tous les conteneurs sont vides, même le véhicule qui faisait partie de la marchandise est introuvable.