RCA : des experts de l’ONU s’inquiètent du rôle des paramilitaires russes

Les agents privés de Moscou, qui opèrent aux côtés des forces gouvernementales centrafricaines, sont accusés de multiples exactions.

 

Un groupe d’experts des Nations unies s’est alarmé de l’augmentation du recrutement et de l’utilisation, par le gouvernement de la République centrafricaine (RCA), d’entreprises militaires et de sécurité privées étrangères. En cause notamment de possibles exactions dans le cadre d’une mission totalement opaque.

Mercenaires, agents privés, instructeurs… Les noms changent pour désigner les paramilitaires russes en mission en Centrafrique. Ils sont dans le pays à la demande du pouvoir et leur mission vise officiellement à former les forces armées centrafricaines. Mais depuis plusieurs semaines, des rapports dénoncent de graves violations des droits de l’Homme imputables aux sociétés militaires privées russes lors d’opérations conjointes avec des soldats centrafricains.

« Des informations font état d’exécutions sommaires massives, de détentions arbitraires, de torture pendant les interrogatoires, de disparitions forcées… », souligne un groupe d’experts de l’ONU dans un communiqué

Ces exactions auraient eu lieu ces derniers mois dans le cadre d’une contre-offensive visant à sauver le pouvoir du président Faustin Archange Touadéra. Les forces gouvernementales, assistées par leurs alliés rwandais et russes, ont réussi à repousser l’avancée des rebelles et libérer la plupart des villes occupées en décembre par les groupes armés qui contrôlent déjà les deux-tiers du pays.

Mais les conditions d’intervention et le rôle exact des agents russes ne sont pas clairement définis.

Si les rapports étudiés par le groupe d’experts de l’ONU ne laissent aucun doute sur de graves violations des droits humains, il est très difficile d’en établir les responsabilités. Le groupe de travail sur les mercenaires déplore le manque de cadre, l’absence d’enquêtes et se dit profondément préoccupé par le mélange des genres entre les opérations civiles, militaires et celles de maintien de la paix.

« Les liens étroits entre les différents acteurs, ainsi que le manque de transparence, compromettent encore plus les chances de mener une enquête impartiale », un groupe d’experts de l’ONU dans un communiqué

Les experts indépendants demandent la clarification du rôle des partenaires internationaux, ce qui permettrait de rendre des comptes. Ils mettent en garde contre « les contacts étroits » entre les personnels des sociétés militaires privées russes, notamment ceux du groupe Wagner, et les forces de l’ONU, dont les tâches sont définies par un mandat international.

Dans un communiqué diffusé par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme à Genève, les experts font état de réunions coordonnées en présence de « conseillers russes » et d’évacuations médicales de « formateurs russes » blessés vers les bases de la Minusca.

Près de 12 000 casques bleus de la force de maintien de la paix de la Mission de l’ONU en Centrafrique sont présents dans le pays depuis 2014, notamment pour protéger les civils, éviter les abus et lutter contre l’impunité.

RCA : retour de calme à Yongo après une nuit d’échange des tirs entre les FACA et les rebelles

Les combats qui ont débuté à 3 heures du matin se sont poursuivis jusqu’à 8 heures du matin au village Yongo, à 9 kilomètres de Bouar sur l’axe Bocaranga.

 

Les forces gouvernementales et leurs alliés contrôlent la localité, mais les populations, apeurées,  ne sont pas de retour à la maison, a-t-on appris des sources sécuritaires locales.

D’après les mêmes sources, les soldats FACA, appuyés par les mercenaires russes et les troupes rwandaises contrôlent toute la zone, allant du village Yongo jusqu’à Bessan, en passant par Doukou. Les rebelles, quant à eux, se sont retranchés dans la brousse, située dans la périphérie de ces localités.

Pour l’heure, les populations civiles, qui ont quitté leur domicile à cause de cet affrontement entre les soldats FACA et les rebelles de la coalition des patriotes pour le changement (CPC) ne sont pas encore rentrées chez elles. D’autres ont peur d’éventuel

retrait des forces gouvernementales du secteur.

Rappelons que depuis le retrait des rebelles du CPC de la ville de Bouar, la plupart d’entre eux se sont retirés dans les villages périphériques de la ville, commettant de multiples exactions sur les populations civiles qui ne cessent de faire appel au gouvernement pour éventuel détachement des forces loyalistes  dans les différentes localités.

RCA : les mercenaires russes visés par l’ONU

C’est pour faire face la menace des rebelles que les autorités de Bangui ont fait appel à ces militaires employés par des sociétés privées russes.

 

La présence de mercenaires russes en Centrafrique inquiète les Nations Unies. En effet, face à la menace des rebelles, les autorités de Bangui ont fait appel à ces militaires employés par des sociétés privées russes. D’après l’ONU, au nombre de ces entreprises qui offrent leurs services au gouvernement centrafricain se trouvent notamment : la compagnie privée militaire russe Wagner, déjà présente dans plusieurs conflits notamment en Syrie, et Sewa Security Services, une entreprise privée de sécurité.

Des « instructeurs » ayant pour but de lutter contre la rébellion

Le chef de la représentation diplomatique russe à Bangui, Vladimir Tirorenko s’était montré rassurant concernant les agents en question. Face à la presse, le lundi 29 mars 2021, il avait fait savoir que ces derniers déployés en Centrafrique par la Russie au cours du mois de décembre 2020, étaient des « instructeurs » ayant pour but de lutter contre la rébellion. Le diplomate avait par ailleurs précisé qu’ils ne participaient pas au combat, à moins d’être attaqués. Cependant, cette version est contestée par les Nations unies.

Une série d’attaques a eu lieu

Un communiqué publié hier mercredi 31 mars 2021, par un Groupe de travail des Nations Unies sur les mercenaires a indiqué que ces acteurs violent les droits de l’homme dans le pays, soulignant qu’elles prennent part aux combats sur le terrain. D’après Jelena Aparac, rapporteuse de ce groupe d’experts : « Nous avons pu établir une connexion entre ces entreprises et leur implication dans une série d’attaques violentes survenues depuis les élections présidentielles du 27 décembre 2020 ». Le document fait part de plusieurs faits qui leur sont imputables à savoir : « exécutions sommaires massives, détentions arbitraires, torture pendant les interrogatoires, disparitions forcées, déplacements forcés de population civile, ciblage indiscriminé d’installations civiles, violations du droit à la santé et attaques croissantes contre les acteurs humanitaires ».