RCA : la flambée du prix du ciment bloque les chantiers à Bangui

En République centrafricaine, depuis le début de la crise en décembre, le prix du ciment a augmenté de plus de 50 %.

 

Les prix des produits importés de première nécessité sont toujours stables ou à la hausse en Centrafrique, malgré la reprise progressive du trafic sur le corridor qui relie Douala à Bangui. C’est le cas par exemple du prix du ciment qui augmenté de plus de 50 % depuis le début de la crise en décembre.

« Voilà le chantier, tout est resté comme ça… On peut pas avancer », montre Martial. Ce chantier, il y a investi toutes ses économies. Il voulait construire une maison de six chambres et deux salons. Elle devrait déjà être finie, mais n’en est qu’à  ses fondations. Depuis le début de l’année, plus un coup de pioche n’a résonné ici depuis la hausse brutale des prix du ciment.

« Quand le devis a été fait, c’était sur la base de 8300 francs CFA le sac de ciment. Aujourd’hui, on est à 13 500. Donc soit tu continues et tu fais les deux tiers des travaux et tu dois chercher l’argent pour payer le dernier tiers. Soit, tu t’arrêtes et tu attends que le prix redevienne normal. »

Tout autour des amas de sables et de gravats qui attendent d’être utilisés. Et dans la parcelle voisine, c’est le même spectacle d’abandon : « Mon voisin est là. Tu peux aussi regarder, lui aussi a arrêté. Tout le monde est bloqué. »

Tout le monde y compris les maçons. Vivien Malepayo dirige une quinzaine d’ouvriers. Tous sont des journaliers. Leurs trois chantiers sont à l’arrêt et ils ne sont plus payés. « S’il n’y a pas de ciment, on ne peut pas travailler. Les enfants ne mangent même pas à leur faim, raconte-t-il. On ne peut pas payer leur scolarité. »

À l’Institut centrafricain des statistiques (ICASEES), qui ausculte l’évolution des prix d’une semaine à l’autre on s’étonne que ceux ciment restent encore au plus haut alors que le trafic a progressivement repris sur le corridor qui relie Douala à Bangui. Ali Blaise-Bienvenu, directeur général de l’Institut ne comprend pas pourquoi les commerçants ne baissent pas leurs tarifs :

« Avant on pouvait comprendre que le corridor Bangui Douala était bloqué ou perturbé par les événements, mais depuis quelques semaines le trafic commence à devenir fluide et il n’y a pas de raisons que les commerçants continuent à spéculer sur le prix du sac de ciment. »

Le directeur général de l’ICASEES appelle les autorités et les opérateurs économiques à se réunir pour trouver ensemble une issue à cette flambée des prix.

RCA: flambée des prix du manioc à Bangui

Dans la capitale centrafricaine, le prix de la bassine de manioc est passé du simple au double.

Il est devenu difficile de trouver du manioc dans la capitale. Le manioc est mangé sous forme de « boule gozo», sous forme de bâton fermenté, le « chikwangue », ou encore sous forme de poudre… Il est la base de l’alimentation des Centrafricains. Près de 700 000 tonnes ont été produites en 2018 (en légère baisse de 3% par rapport à  l’année 2017). Aujourd’hui la bassine de manioc coûte près du double de son prix habituel.

Dans les allées du marché central de Bangui, le manioc se fait rare. Pisca tient un petit stand de légumes et crudités. « Il n’y a pas de manioc, le manioc c’est cher. Ngaoui c’est 4500 francs CFA, normalement c’est 2500 FCFA. Un sachet comme ça 500 FCFA. Les clients viennent acheter mais c’est cher. C’est très cher. C’est grave en Centrafrique pour le manioc. »

Un problème pris au sérieux par la FAO. Plusieurs éléments selon l’organisation expliqueraient cette flambée des prix. La période de soudure, la spéculation liée aux problèmes de carburants ainsi qu’un troisième facteur, détaille Abel Kongbo, le point focal (ou référent) Sécurité alimentaire de la FAO.