Selon Abbas Mahamat Tolli, le gouverneur la BEAC cette opération vise à pallier le déficit de pièces de monnaie qui handicape les transactions commerciales.
La Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) a injecté 150 millions de pièces de monnaie sur le marché de la sous-région pour pallier le déficit de pièces de monnaie qui handicape les transactions commerciales, a annoncé lundi Abbas Mahamat Tolli.
« Nous avons déjà le quitus des instances de décision, le processus est enclenché et les négociations en cours pour la fabrication de ces pièces« , a-t-il indiqué, au cours d’une conférence de presse à Yaoundé.
Toujours dans le but de lutter contre la disparition des pièces de monnaie au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, l’institution bancaire a annoncé il y a quelques semaines la production de nouvelles pièces de monnaie.
La banque centrale entend produire de nouveaux spécimens de pièces de monnaie de 1F, 2F, 5F, 10 F, 25F, 50F, 100F, 500F, y compris de 250F. L’actuelle gamme de pièces en circulation a été émise depuis 2002. « Le Comité ministériel du 15 mars 2023 a autorisé la création d’une nouvelle gamme de pièces, conformément aux préconisations formulées par la BEAC », a indiqué le communiqué de la banque centrale.
La gestion de la Banque des Etats d’Afrique centrale par Mahamat Tolli est loin d’être du goût du ministre centrafricain des Finances, Hervé Ndoba qui souligne notamment le récent scandale du recrutement des agents supérieures au sein de la structure.
Entre Abbas Mahamat Tolli et Hervé Ndoba, c’est un duel pour la succession à la BEAC
Le gouverneur tchadien vient d’obtenir un avis favorable du juge communautaire dans la confrontation qui l’oppose à l’argentier centrafricain à propos du controversé dossier du concours de recrutement de la BEAC. Enjeu d’une guerre qui promet d’autres épisodes, la désignation du prochain banquier central.
LE MATCH DE LA SEMAINE – Derrière son flegme habituel, Abbas Mahamat Tolli avait le triomphe modeste. « Personne n’est au-dessus de la loi. La justice s’est prononcée, il revient aux responsables d’en tirer les conséquences », lâchait le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), le 15 décembre, en mettant un terme à la conférence de presse succédant au dernier comité de politique monétaire de l’année. Le Tchadien réagissait ainsi à une question sur l’usage qu’il ferait de l’avis – rendu le 16 novembre et qui lui est favorable – qu’il a sollicité de la Cour de justice de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) à propos d’une résolution prise par les ministres des Finances, le 6 octobre, de suspendre le controversé concours de recrutement des cadres supérieurs de la banque centrale régionale et d’instruire un audit externe du processus.
« C’est suicidaire comme démarche, dans la mesure où il se met à dos le comité ministériel. Ce n’est qu’un avis qui ne remet pas en cause la décision des ministres », estime un haut fonctionnaire communautaire. Du fait du sommet entre les États-Unis et l’Afrique, à Washington mi-décembre, une passe d’armes entre le banquier central et les argentiers de la sous-région, qui pour la plupart accompagnaient leurs chefs d’État à ce rendez-vous américain, a été évitée le 13 décembre, à Douala. Mais la bataille mettant aux prises le gouverneur et le président du conseil d’administration de la BEAC, Hervé Ndoba, promet d’autres rebondissements.
Victime d’une « cabale »
Depuis le mois d’août, ce dernier, par ailleurs ministre des Finances et du Budget de Centrafrique, et le banquier central se livrent une guerre sans merci à propos de ce « scandale » du recrutement des agents d’encadrement supérieur de la banque centrale. Le premier milite clairement pour l’annulation du concours afin de sauver la réputation de l’institution, tandis que le second, excipant d’une attitude irréprochable, plaide pour la poursuite du processus. Le dernier épisode étant cette missive qu’Hervé Ndoba adresse le 21 octobre – soit deux semaines après l’assise ayant décidé de la suspension – à Abbas Tolli pour regretter que les résolutions et le communiqué final n’aient pas été portés à son attention pour signature, alors qu’à l’accoutumée, cela se fait dans les minutes qui suivent la fin des travaux.
Dans l’entourage du Tchadien, la cause de cette « cabale » dont il est la victime est à chercher dans l’adoption en avril par Bangui de la loi sur la cryptomonnaie. Un dossier susceptible d’ébranler les fondements de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac) et sur lequel le banquier central n’a eu de cesse de se montrer inflexible. D’ailleurs, le groupe de travail qu’il a mis sur pied au sein de la BEAC pour réfléchir sur les implications d’une telle décision estime que l’adoption du Bitcoin instaure un « dualisme monétaire » dans la zone, en institutionnalisant un concurrent au franc CFA.
Bien qu’exclu du premier cercle qui gère le dossier de la cryptomonnaie à Bangui, il revenait à Hervé Ndoba d’affronter ses pairs de la Cemac avides d’explications. Et c’est peu dire que l’argentier centrafricain, tout président du comité ministériel de l’Umac qu’il soit, a souvent essuyé les flèches de ses collègues.
Game of thrones
Un autre sujet émerge en toile de fond de cette confrontation : Bangui compte sur cette affaire pour affaiblir davantage le Tchadien et amener ainsi les chefs d’État à écourter son bail qui s’achève en principe en avril 2024. « On sait dans l’entourage de Touadera que Abbas Tolli n’est plus en grâce à Ndjamena où on le soupçonne d’avoir des vues sur le trône. Il n’est donc pas certain qu’il bénéficierait du soutien de son cousin [Mahamat Deby Itno, NDLR] si la question de son maintien venait à se poser », glisse un cadre de la banque centrale. Si tel est le cas, un de ses compatriotes devrait achever son mandat ou alors les chefs d’État pourraient en décider autrement
Une option qui ne déplairait pas à Hervé Ndoba. En vertu du principe de la rotation, auquel s’ajoute la règle selon laquelle le pays abritant le siège d’une institution communautaire ne peut désigner un de ses ressortissants à sa tête, le poste de gouverneur va échoir, non pas au Cameroun – le siège de la BEAC se trouvant à Yaoundé –, mais à la Centrafrique à la fin du mandat de Abbas Tolli. « Ndoba ne cache plus son désir de récupérer ce strapontin lucratif et fait des pieds et des mains après de Touadera », soutient notre haut fonctionnaire
En attendant que le prochain sommet des chefs d’États de la Cemac puisse trancher, les protagonistes croiseront encore le fer dans les prochains jours sur le sort à réserver à l’avis du juge communautaire. Une opportunité pour Hervé Ndoba et ses pairs de laver l’affront fait par Tolli ?
Les nouvelles projections bien que moins significatives, reflètent une reprise progressive de l’activité économique.
La prévision de croissance économique pour la sous-régionCEMAC (Cameroun, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad, République centrafricaine et Congo) pour 2022 est désormais de 2,9%, a annoncé Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), à la fin d’une réunion du comité de politique monétaire qui s’est tenue le jeudi 15 décembre.
Il y a trois mois, la Banque centrale sous-régionale était optimiste sur une croissance du PIB de 3,2% et de 3,5% en juillet. « Ce ne sont que des prévisions à relativiser, compte tenu des fluctuations du contexte international », a déclaré Abbas Mahamat Tolli.
Bien que moins importantes, les nouvelles projections de la BEAC traduisent une reprise progressive de l’activité économique malgré le contexte international morose marqué par l’accélération des pressions inflationnistes et la détérioration des perspectives économiques mondiales en lien avec la guerre en Ukraine.
L’an dernier, la région a enregistré une croissance de 1,7 %. Ces prévisions sont principalement soutenues par « un rebond de la croissance non pétrolière », précise Abbas Mahamat Tolli. Exportateurs d’hydrocarbures (à l’exception de la RCA), les pays de la CEMAC profitent également des prix mondiaux élevés du pétrole brut, à l’exception de la Guinée équatoriale, où un important champ pétrolier (Zafiro) est à l’arrêt depuis septembre suite à un incident.
Selon la BEAC, le pays devrait entrer en récession (-3,5%) dès 2023. Les projections sont plutôt optimistes pour le Congo (4,2%), le Cameroun (4%), le Gabon (3,7%), le Tchad (3,5%) et la RCA (2,4%).
L’inflation dans la région devrait encore accélérer à 5,5% d’ici la fin de l’année avant de baisser légèrement à 4,8% en 2023. Le niveau des prix reste bien au-dessus du seuil de 3% en vigueur dans la région. Cependant, la BEAC, qui anticipe une baisse de cet indicateur en 2023, a décidé de maintenir ses principaux instruments inchangés et promet de rester « vigilante en vue de ses prochaines décisions de politique monétaire ».