Burkina Faso/Plastique interdit, économie menacée : Les petits vendeurs en pleur

Depuis début juillet 2025, le Burkina Faso a interdit le Sachet plastique non biodégradable. Cette mesure, saluée pour son ambition…

Sachet plastique

Depuis début juillet 2025, le Burkina Faso a interdit le Sachet plastique non biodégradable. Cette mesure, saluée pour son ambition écologique, bouleverse pourtant l’économie informelle. Les vendeurs de rue, en particulier à Ouagadougou, subissent de plein fouet les conséquences de cette interdiction.

 

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Dans les quartiers populaires de la capitale, le sachet plastique était bien plus qu’un simple emballage. Il incarnait un outil indispensable à l’activité quotidienne. Pour les petits restaurateurs, les vendeuses de jus et les revendeurs de plats locaux, ce contenant bon marché permettait de satisfaire une clientèle nombreuse et peu fortunée.

Mais aujourd’hui, tout change.

L’interdiction de sachet plastique vise à réduire la pollution plastique, qui encombre les rues, bouche les caniveaux et menace la biodiversité. L’objectif environnemental est clair : faire du Burkina un pays plus propre et durable. Toutefois, cette politique publique se heurte à une réalité sociale et économique plus complexe.

 

 Une transition difficile pour l’économie informelle

Germaine Bationo, vendeuse de jus, illustre cette difficulté. Elle a tenté de proposer des alternatives. Elle a opté pour des petits bidons ou des gobelets. Pourtant, les clients boudent ces solutions. Ils les jugent trop chères ou peu pratiques. Pire encore, certains refusent de boire dans des récipients réutilisables, qu’ils estiment peu hygiéniques.

Ces réactions montrent que le changement ne se décrète pas. Il s’accompagne, se prépare et s’adapte aux pratiques sociales. L’interdiction des sachets bouleverse des habitudes ancrées depuis des décennies. Elle fragilise aussi des milliers de travailleurs du secteur informel, qui n’ont ni le capital ni la logistique pour opérer une reconversion rapide.

 

Le coût des alternatives, un frein majeur

Le sachet plastique avait un avantage : son prix. Les sachets se vendaient à quelques francs. À l’inverse, les contenants biodégradables ou réutilisables coûtent plus cher. Parfois, ils sont même introuvables en gros. Cette inflation menace l’équilibre financier de petites activités déjà précaires.

Une vendeuse de tô, par exemple, gagnait en moyenne 2 000 francs CFA par jour. Avec les nouveaux emballages, ses charges augmentent. Son bénéfice diminue. Pour compenser, elle devrait soit réduire la qualité, soit augmenter les prix. Or, ses clients, souvent modestes, ne peuvent pas payer plus.

 

Une mesure écologique qui manque d’ancrage local

La volonté de protéger l’environnement est légitime. Mais sans accompagnement économique, elle risque d’exclure les plus vulnérables. Le succès d’une telle réforme dépend de plusieurs facteurs : accessibilité des alternatives, sensibilisation des consommateurs, soutien aux vendeurs.

Aujourd’hui, ces piliers manquent encore. Les restaurateurs ne sont pas formés à l’utilisation d’autres contenants. Les clients ne sont pas informés des raisons du changement. Les producteurs locaux d’emballages écologiques n’ont pas reçu de soutien massif pour proposer des solutions abordables.

 

Que faire pour réussir cette transition ?

Pour éviter un rejet massif de la réforme, des mesures d’accompagnement s’imposent :

  • Soutenir financièrement les vendeurs informels, notamment par des subventions ciblées sur les emballages écologiques.
  • Former les acteurs de la chaîne alimentaire à l’utilisation d’alternatives durables et hygiéniques.
  • Communiquer largement auprès des populations, en expliquant les enjeux écologiques et en valorisant les gestes responsables.
  • Encourager la production locale de contenants biodégradables, pour stimuler une filière verte et créer de l’emploi.
  • Mettre en place une phase transitoire plus souple, permettant aux acteurs les plus vulnérables de s’adapter progressivement.

 

Une réforme à fort potentiel, mais inégalement ressentie

L’interdiction des sachets plastiques non biodégradables constitue une avancée majeure. Mais son efficacité dépendra de sa mise en œuvre inclusive. Si la transition n’intègre pas les réalités économiques du secteur informel, elle risque d’aggraver les inégalités sociales.

Ce sont les plus petits qui paient le plus lourd tribut à cette réforme. Or, ce sont eux aussi qui constituent l’ossature de l’économie urbaine.

 

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