La BCEAO révèle une amélioration de la balance commerciale du Burkina Faso, portée par la hausse des exportations d’or en 2024.
La Direction nationale de la BCEAO a organisé, le 12 décembre 2025, une rencontre d’échanges avec les professionnels des médias autour de la balance des paiements et de la position extérieure globale du Burkina Faso au titre de l’année 2024. Cette session, la deuxième du genre, a permis aux journalistes de mieux comprendre la dynamique des échanges entre le Burkina Faso et le reste du monde. Après un déficit de 56,7 milliards de FCFA en 2023, la balance commerciale affiche un excédent de 178,6 milliards de FCFA en 2024. L’or reste le principal produit d’exportation du pays.
Les échanges avec la presse ont été animés par Sibiri Traoré, chef du service des études et de la statistique, Alidou Guigma, chargé de la balance des paiements, et Richard Kima, conseiller auprès du directeur national de la BCEAO. Pour rappel, la balance des paiements est un document statistique qui retrace l’ensemble des transactions économiques d’un pays avec l’extérieur. Elle constitue un instrument essentiel d’aide à la décision pour l’élaboration des politiques économiques.
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Au cours de l’année 2024, les échanges commerciaux ont été marqués par une progression notable des exportations, évaluée à 499,3 milliards de FCFA, tandis que la hausse des importations s’est limitée à 264 milliards. Il en résulte un excédent commercial de 178,6 milliards de FCFA, traduisant la capacité du Burkina Faso à couvrir ses achats extérieurs grâce à ses recettes d’exportation. Cette performance s’explique par une augmentation de 15,6 % des exportations, dont les recettes globales ont atteint 3 708,3 milliards de FCFA. L’or non monétaire domine largement les exportations avec 78,6 %, pour une valeur de 2 815 milliards de FCFA correspondant à 64 674 kg exportés. Il est suivi du coton (5,5 %), des animaux vivants (2,1 %), de la noix de cajou (1,8 %) et du sésame (1,2 %). Ces produits ont été principalement destinés à la Suisse (56,2 %), aux Émirats arabes unis (26,2 %) et au Mali (2,1 %).
S’agissant des importations, leur valeur s’est établie à 3 529,7 milliards de FCFA en 2024. Les principaux produits importés demeurent les produits énergétiques, notamment les hydrocarbures et l’électricité, qui représentent 37,9 % des achats, suivis des biens d’équipement, des biens intermédiaires, des produits alimentaires et d’autres biens de consommation courante. La facture énergétique a progressé de 13 % par rapport à 2023 pour atteindre 1 337,7 milliards de FCFA. En revanche, les importations d’électricité ont reculé de 23,6 milliards de FCFA. Les approvisionnements proviennent essentiellement d’Afrique (39,3 %), d’Asie (27,9 %) et d’Europe (27,7 %). La Côte d’Ivoire demeure le premier fournisseur du Burkina Faso avec 18,9 % des importations, devant la Chine et la Russie.
La balance des services, structurellement déficitaire, a vu son déficit se creuser davantage en 2024 pour atteindre 510,5 milliards de FCFA, contre 502,7 milliards l’année précédente. Cette évolution s’explique principalement par l’augmentation des importations de services de transport, en lien avec la hausse des volumes importés et du coût du fret. Concernant le compte de revenu primaire, le solde s’est établi à 691,6 milliards de FCFA, correspondant à un déficit de 147,2 milliards. Cette situation résulte de la hausse des revenus versés aux non-résidents au titre des investissements. La forte présence étrangère dans le secteur minier a entraîné une augmentation des transferts de dividendes vers l’extérieur, passés de 544,4 milliards de FCFA en 2023 à 691,6 milliards en 2024.
En 2024, l’aide humanitaire a enregistré un recul de 20,1 milliards de FCFA pour s’établir à 466,8 milliards, contre 486,9 milliards en 2023. Les ressources mobilisées pour l’assistance et les secours d’urgence ont diminué de 15,4 %, passant de 178,7 milliards à 151,1 milliards de FCFA. L’aide alimentaire a également baissé, passant de 70,7 milliards à 65,8 milliards de FCFA. Les transferts courants reçus par l’administration publique ont diminué de 29,2 milliards, tandis que ceux destinés au secteur privé ont progressé de 4,2 %. Par ailleurs, les flux d’actifs et de passifs financiers ont généré des entrées nettes de capitaux de 777,8 milliards de FCFA, contre 11,1 milliards en 2023. Le besoin de financement extérieur du Burkina Faso, mesuré par les soldes des comptes courants et de capital, s’élève à 318 milliards de FCFA, en baisse de 36,4 milliards par rapport à 2023.
Quant à la position extérieure globale, qui reflète le niveau d’endettement ou de patrimoine du Burkina Faso vis-à-vis du reste du monde, elle est restée débitrice à hauteur de -5 778,9 milliards de FCFA en 2024. Cette situation traduit une aggravation de 544,4 milliards, imputable à une augmentation du stock des passifs financiers plus rapide que celle des actifs.
Afin de limiter les déséquilibres des comptes extérieurs, le rapport recommande le renforcement des politiques économiques, notamment les initiatives visant à accroître l’offre locale de produits agricoles et manufacturés pour réduire les importations, ainsi que l’accélération de la mise en service des unités de raffinage et de traitement des résidus miniers afin d’accroître la valeur ajoutée nationale.
