Le 15 juillet 2025, la Confédération Africaine de Football (CAF) a lancé à Ouagadougou un atelier de formation stratégique. L’objectif : renforcer la sécurité dans les stades africains à travers son programme Safe Stadium. Pendant trois jours, les acteurs du football burkinabè se penchent sur les bonnes pratiques à adopter. Une initiative ambitieuse, à la hauteur des enjeux colossaux que représente la sécurité dans le sport roi sur le continent.
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La sécurité des stades, un angle mort du football africain
Des tribunes surchargées. Des sorties de secours obstruées. Une gestion souvent artisanale des foules. Ces scènes, trop familières dans de nombreux stades africains, ont coûté des vies. L’absence de protocoles rigoureux ou l’application aléatoire des normes de sécurité ont parfois transformé des événements festifs en drames humains. Face à ces failles, la CAF a décidé de prendre les devants.
L’initiative Safe Stadium veut rompre avec cette réalité. L’idée est simple : outiller les acteurs nationaux pour créer un environnement sûr, professionnel et prévisible lors des matchs de football. Cette formation à Ouagadougou constitue l’un des piliers de cette stratégie continentale.
Un atelier, deux experts, quarante participants
Dans la capitale burkinabè, plus de 40 responsables prennent part à l’atelier. Ils viennent de la Fédération Burkinabè de Football (FBF), de clubs engagés en championnat national, ou encore d’instances impliquées dans l’organisation des matchs. Tous ont en commun la volonté de professionnaliser la gestion de la sécurité dans les stades.
L’atelier est dirigé par deux formateurs de la CAF : Ababacar Sene, du Sénégal, et Abdelhafid Fergani, de l’Algérie. Deux visages connus du réseau africain de la sécurité sportive. Leur approche est pragmatique : faire dialoguer expertise, expérience locale et normes internationales. Ils insistent sur un point central : sécuriser un stade ne se résume pas à déployer des agents, mais suppose une planification minutieuse, une coordination fluide et des outils technologiques adaptés.
Des modules concrets pour des résultats durables
Durant ces trois jours, plusieurs thématiques essentielles sont abordées :
- La billetterie : Comment éviter les fraudes ? Comment réguler le flux d’entrée des supporters ?
- La gestion de la foule : Quelles stratégies pour prévenir les bousculades ou débordements ?
- La planification des urgences : Comment réagir efficacement à un incendie, un malaise, ou un mouvement de panique ?
- Le rôle des clubs : Quelle responsabilité portent les dirigeants dans l’aménagement et la surveillance des enceintes sportives ?
Chaque module s’appuie sur des cas pratiques, des études d’incident, et des échanges d’expériences. L’enjeu est de sortir de l’improvisation, de documenter les pratiques, et de bâtir des protocoles clairs.
Le Burkina Faso en fer de lance
Si l’atelier se tient à Ouagadougou, ce n’est pas un hasard. Le Burkina Faso, pays passionné de football, fait face à des défis spécifiques liés à la sécurité. Entre la montée des affluences dans les stades, les risques liés au contexte sécuritaire régional et la faiblesse des infrastructures, il devenait urgent de structurer la réponse.
La CAF y voit une opportunité : faire du Burkina un laboratoire de bonnes pratiques, capable d’inspirer d’autres fédérations. Pour cela, la collaboration avec la FBF est essentielle. Elle permettra d’expérimenter des mesures concrètes dès la saison à venir du Fasofoot.
L’importance de changer les mentalités
Mais former, ce n’est pas seulement transmettre des techniques. C’est aussi provoquer une prise de conscience. Pour Ababacar Sene, la sécurité dans les stades ne peut plus être considérée comme un luxe ou une formalité administrative.
« Il faut faire comprendre que chaque spectateur a le droit à un environnement sûr. Et que c’est la responsabilité de toute la chaîne – de la fédération aux clubs – de le garantir. »
Les dirigeants présents à la formation l’ont bien compris. Plusieurs d’entre eux reconnaissent que leur organisation pèche parfois par excès de confiance ou manque de formation.
Une ambition continentale
Lancé par la CAF, le programme Safe Stadium ne s’arrêtera pas à Ouagadougou. D’autres ateliers sont prévus dans une dizaine de pays d’ici la CAN 2025. L’objectif est de créer une culture continentale de la sécurité, intégrée aux normes CAF de licence de club, aux cahiers de charges des compétitions et aux formations obligatoires des officiels.
En toile de fond, la CAF veut également anticiper les critiques internationales qui pointent du doigt les défaillances structurelles du football africain. À l’ère des retransmissions mondiales et des partenariats globaux, la sécurité devient un critère de crédibilité.
L’atelier de Ouagadougou pourrait bien marquer un tournant. En outillant les acteurs locaux, la CAF veut éviter que le sort d’un match repose uniquement sur la chance. La formation ne suffira pas à tout changer, mais elle donne les clés pour commencer.
Le véritable défi sera celui de l’implémentation. Auront-ils les moyens, l’appui des autorités et la volonté de transformer la théorie en pratique ? L’avenir le dira. Mais en mettant ce sujet sur la table, la CAF envoie un message fort : le football africain ne peut plus ignorer sa responsabilité envers ses supporters.

