Plus de 14 000 personnes ont été déplacées depuis le 21 février à Bossangoa, dans le nord-ouest du pays, craignant une offensive des Forces armées centrafricaines (FACA) et de leurs alliés.
Des éléments de la Coalition des Patriotes pour le changement (CPC) ont pris le contrôle de la ville en décembre dernier, dans le contexte des résultats contestés des élections. Le 24 février, les forces armées ont annoncé qu’elles avaient repris le contrôle de Bossangoa. Mais les gens n’ont pas encore commencé à revenir ; au contraire, ils continuent de fuir. Selon une évaluation rapide menée par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) le 22 février, les personnes déplacées se sont installées sur le terrain de la paroisse catholique, où elles vivent dans des conditions extrêmement difficiles dans quatre sites différents, à savoir le centre d’accueil, l’évêché, l’école catholique et le presbytère. Seuls deux points d’eau sont disponibles sur ces sites et le nombre de latrines n’est pas suffisant pour le grand nombre de personnes, ce qui augmente le risque de maladies d’origine hydrique.
Réponse humanitaire face aux contraintes d’accès
Les personnes les plus touchées par la récente flambée de violence dans le pays sont les civils. Les contraintes d’accès font qu’il est difficile pour les organisations humanitaires de répondre adéquatement aux besoins de la population. En moins de deux mois, près d’une douzaine de pillages et de vols attribués à des groupes armés ont visé des acteurs humanitaires à Bossangoa, dont quatre en une seule semaine. En conséquence, la plupart des organisations humanitaires ont réinstallé leurs employés ou réduit leur présence, affectant ainsi considérablement leur capacité d’intervention. Malgré ces conditions difficiles, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) a construit 60 latrines et douches d’urgence et mis en place un réservoir d’eau qui fournit aux personnes déplacées 60 m3 par jour. L’ONG fournit également des soins médicaux aux enfants et aux jeunes à l’hôpital régional et a reçu des fournitures nutritionnelles du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour les soins aux enfants souffrant de malnutrition. Le centre de santé CODIS, près du site d’Evêché IDP, a reçu des médicaments de l’UNICEF, mais a toujours besoin, entre autres, d’un soutien en produits essentiels pour les soins aux femmes enceintes. En une semaine, 12 naissances ont été enregistrées sur le site. L’ONG CARITAS mène des activités de surveillance de la protection et de renvoi pour les cas nécessitant une attention particulière. Tout en mobilisant les ressources nécessaires, les partenaires impliqués dans la sécurité alimentaire identifient la meilleure façon d’aider les personnes déplacées, en tenant compte en particulier de leur protection.
Préoccupations au-delà de la ville
S’il y a de l’espoir d’accalmie dans la ville de Bossangoa, la situation sur les axes environnants reste préoccupante, en particulier au nord de Bossembélé. Plusieurs abus de civils par des éléments armés ont été signalés, y compris des maisons incendiées le long de la route menant de Bossembelé à Bossangoa. De même, des déplacements forcés de villageois vivant dans les environs de Bossangoa ont été signalés ; leur nombre reste à évaluer lorsque l’accès à la région deviendra possible. En raison de l’insécurité qui prévaut, les acteurs humanitaires n’ont pas encore été en mesure d’atteindre cette région, d’évaluer les besoins humanitaires et d’apporter la réponse nécessaire.