À Bobo, des détenus redonnent vie à la ville pour honorer Mandela

À Bobo-Dioulasso, une centaine de détenus de la MAC-B participent à une vaste opération d’embellissement de la ville, à l’approche…

Journée Mandela

À Bobo-Dioulasso, une centaine de détenus de la MAC-B participent à une vaste opération d’embellissement de la ville, à l’approche de la Journée internationale Nelson Mandela. Une initiative citoyenne qui mêle réinsertion sociale, écologie urbaine et hommage vivant à l’héritage du leader sud-africain.

 

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La Journée internationale Nelson Mandela prend des allures de renaissance urbaine

Sous un soleil matinal, le vacarme discret des bêches et des arrosoirs rythme l’avenue menant à la mairie. Des hommes en tenues sobres, sous surveillance discrète, plantent des arbres avec minutie. Nous sommes à Bobo-Dioulasso, dans les jours précédant la Journée internationale Nelson Mandela. Et ce ne sont pas des ouvriers municipaux, mais bien des détenus de la Maison d’arrêt et de correction de Bobo (MAC-B). Depuis le 9 juillet, plus d’une centaine d’entre eux participent à une vaste opération d’embellissement de la ville.

Au programme : plantations d’arbres, aménagements paysagers, nettoyage des espaces publics et repeinte de bordures.

 

Travailler dehors me donne l’impression d’exister

Mamadou*, 34 ans, purge une peine de 8 ans pour vol à main armée. Il ajuste un arbuste sous les regards des passants, puis s’essuie le front.

« Travailler dehors me donne l’impression d’exister encore. Je me sens utile à ma communauté », dit-il, ému.

Il n’est pas seul. Ils sont nombreux à vivre ce moment comme un tournant.Pour certains, c’est la première fois qu’ils quittent l’enceinte de la prison depuis leur incarcération. Pour d’autres, ce projet leur offre une forme de réparation morale, voire d’espoir en une réintégration future. La Journée internationale Nelson Mandela, célébrée chaque 18 juillet, inspire cette action citoyenne inédite à Bobo-Dioulasso. Elle incarne l’esprit du leader sud-africain, symbole mondial de paix, de justice et de pardon.

Une collaboration mairie-prison pour des TIG exemplaires

Cette initiative découle d’un partenariat entre la MAC-B et la commune de Bobo-Dioulasso. Elle s’inscrit dans un programme de Travaux d’Intérêt Général (TIG) voulu plus humain et socialement impactant. M. Daouda Traoré, adjoint au maire, nous reçoit dans son bureau :

« Nous avons identifié plusieurs sites stratégiques à réhabiliter avec les services techniques de la ville.

Le programme vise à impliquer les détenus dans la vie de la cité, et à leur offrir une seconde chance. » À travers cette action, la ville répond aussi à un double objectif : revitaliser des espaces publics laissés à l’abandon, et changer le regard de la société sur les détenus.

Encadrés, formés et responsabilisés

Sur le terrain, la rigueur est au rendez-vous. Chaque groupe de détenus est encadré par un agent de sécurité et un technicien des espaces verts. Le commandant Souleymane Koné, chef de la sécurité à la MAC-B, insiste :

« Ce sont des hommes responsabilisés. Ils ont suivi une formation express en horticulture, hygiène urbaine et civisme. »

L’idée n’est pas d’utiliser une main-d’œuvre gratuite, mais de redonner du sens à la peine.

« Mandela a passé 27 ans derrière les barreaux, mais n’a jamais cessé de construire », rappelle le commandant.

Le lien entre cette action et la Journée internationale Nelson Mandela n’est donc pas fortuit. Il s’agit d’un hommage vivant aux valeurs qu’il a défendues, jusque dans sa cellule à Robben Island.

 

Changer le regard sur la prison

Dans les quartiers traversés par ces détenus-jardiniers, les réactions sont parfois surprenantes.

« Au début, j’avais peur », reconnaît une vendeuse de fruits à l’entrée du marché de Dogona.

« Mais maintenant, je vois qu’ils travaillent dur. Ils font du bien à notre quartier. »

Même les commerçants apportent leur soutien : eau fraîche, sandwichs, encouragements spontanés. Le climat est serein. Les habitants saluent, s’arrêtent, posent des questions, remercient. Cela témoigne d’une volonté collective de réconciliation entre justice et société, dans une démarche constructive. Et la Journée internationale Nelson Mandela devient ici un levier de transformation, à la fois individuelle et collective.

Une initiative appelée à s’étendre

Le directeur de la MAC-B, Hamidou Ouattara, se montre enthousiaste.

« Nous voulons faire de cette action un modèle pour l’ensemble du pays. Elle démontre que la prison peut être un lieu de reconstruction, pas uniquement de sanction. »

Un rapport d’impact est en cours de rédaction, en vue de convaincre les autorités judiciaires et les bailleurs. Car les retombées sont multiples : sociales, écologiques, économiques et surtout humaines.

 

Mandela, toujours vivant à travers l’action

Dans les propos recueillis sur le terrain, un nom revient avec émotion : Mandela.

« Lui aussi a souffert, lui aussi a pardonné », glisse Mamadou, en arrosant le dernier arbre du jour.

À quelques jours de la Journée internationale Nelson Mandela, les rues de Bobo-Dioulasso prennent une nouvelle allure. Mais surtout, elles racontent une autre histoire : celle d’hommes que la société n’a pas oubliés.

 

 

 

 

 

 

 

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