La chambre correctionnelle du pôle économique et financier du Tribunal de grande instance Ouaga I a rendu son verdict le mercredi 11 juin 2025 dans l’affaire opposant l’État à A. Zerbo, M. Yacouba et T. Issaka. Poursuivis pour fraude à la commercialisation de l’or et blanchiment de capitaux, les trois prévenus ont été relaxés au bénéfice du doute, après plusieurs mois de détention préventive.
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Des soupçons autour de fonds venus du Mali
À l’audience, A. Zerbo, commerçant de céréales depuis plus de 15 ans, a expliqué avoir été introduit dans le secteur aurifère par un partenaire malien, Sidi Golo. Celui-ci lui aurait confié la gestion d’un site d’exploitation au Mali, en lui envoyant régulièrement des fonds pour le paiement des charges. C’est dans ce cadre qu’un virement de plus de 200 millions de F CFA, soupçonné d’être lié à un trafic d’or, a attiré l’attention du parquet. Zerbo a soutenu que ces fonds provenaient d’activités légales avec son partenaire.
Un fils et un associé également poursuivis
Son fils, M. Yacouba, était poursuivi pour complicité. Il lui était reproché d’avoir brisé un coffre au domicile familial afin de soustraire de l’argent lors de l’arrestation de son père. Selon sa version, il croyait à une tentative de braquage. Pour le parquet, il avait pleine conscience des activités suspectes.
Quant à T. Issaka, il a reconnu avoir travaillé dans l’or au Mali sans documents officiels, avant de tenter l’orpaillage artisanal au Burkina Faso, sans succès. Il a affirmé n’avoir tiré aucun bénéfice de ces tentatives.
Des réquisitions lourdes face à la défense
Le parquet avait requis 36 mois de prison ferme contre les trois hommes, en plus d’importantes amendes : 963,6 millions F CFA pour A. Zerbo et M. Yacouba, et 669 millions F CFA pour T. Issaka. Il avait aussi demandé un mandat de dépôt immédiat.
L’agent judiciaire de l’État, partie civile, avait réclamé solidairement 400 millions F CFA de dommages et intérêts, estimant que les prévenus auraient dû déclarer leurs activités et s’acquitter des taxes. Les avocats, eux, ont plaidé la relaxe, dénonçant l’absence de preuves concrètes de fraude ou de blanchiment.
Verdict : relaxe et soulagement
Le Tribunal a finalement relaxé les trois prévenus au bénéfice du doute. La constitution de partie civile de l’État a été jugée irrecevable et les dépens mis à la charge du Trésor public.
À la sortie de l’audience, les trois hommes, jusque-là en liberté provisoire, ont laissé éclater leur soulagement. « Aidez-nous à travailler pour le pays. J’ai 15 enfants à nourrir », avait lancé A. Zerbo dans ses ultimes déclarations. Son fils ajoutait : « Si on tombe, c’est fini pour nous », tandis que T. Issaka plaidait son ignorance du secteur aurifère au Burkina Faso.

