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RCA : le groupe viticole bordelais Castel ouvre une enquête sur une filiale, accusée d’avoir soutenu des rebelles

La direction générale du groupe viticole Castel a annoncé jeudi avoir « saisi son comité d’éthique » face à de graves allégations…

La direction générale du groupe viticole Castel a annoncé jeudi avoir « saisi son comité d’éthique » face à de graves allégations concernant une filiale africaine.

 

Le géant viticole français Castel va lancer une enquête après la publication d’un rapport d’une ONG sur un soutien financier d’une de ses filiales à des groupes armés en Centrafrique en échange de la sécurisation d’une usine, selon un communiqué, évoquant jeudi des « allégations graves ».

Pour The Sentry, spécialisée dans la traque de l’argent sale, la Sucrerie Africaine de Centrafrique (Sucaf RCA), filiale de la Société d’organisation, de management et de développement des industries alimentaires et agricoles (Somdiaa), elle-même contrôlée à 87 % par le groupe Castel, a « négocié un arrangement sécuritaire » avec notamment l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), un groupe armé accusé d’exactions, pour « sécuriser l’usine et les champs de canne à sucre » et « tenter de protéger le monopole de la société ».

« La direction générale de Castel a pris connaissance des allégations graves portées le 18 août à l’encontre de Sucaf RCA, filiale centrafricaine de Somdiaa, dont Castel est actionnaire », a déclaré le groupe dans un communiqué, affirmant avoir « saisi son comité d’éthique dans le but de diligenter immédiatement une enquête conformément à ses procédures internes ».

Castel « communiquera sur l’issue de cette enquête ».

« La décision du groupe Castel d’ouvrir une enquête […] est une première étape bienvenue », a déclaré Nathalia Durkhan, chercheuse à The Sentry, spécialiste de la Centrafrique. « Nous encourageons le groupe à mener une enquête ouverte, transparente et indépendante », a-t-elle dit.

« Système sophistiqué »

En échange de la sécurisation du site, la Sucaf RCA a mis en place un « système sophistiqué et informel pour financer les milices armées par des paiements directs et indirects en espèces, ainsi que par un soutien en nature sous forme d’entretien des véhicules et de fourniture de carburant », selon The Sentry.

« Il n’existe à notre connaissance aucun arrangement passé par la direction de Sucaf RCA et aucun soutien d’aucune sorte n’a été fourni », avait réagi Alexandre Vilgrain, président de la Somdiaa.

La Centrafrique, deuxième pays le moins développé au monde selon l’ONU, est plongée depuis 2013 dans une grave crise politico-militaire. À la suite d’une guerre civile, des pans entiers de territoires sont passés sous le contrôle de groupes rebelles qui en accaparent les ressources.

La raffinerie de la Sucaf RCA et les 5 137 hectares de plantation de canne à sucre se trouvent à Ngakobo, à 400 km à l’est de la capitale Bangui, dans la préfecture de la Ouaka, contrôlée de fin 2014 à début 2021 par l’UPC, un des principaux groupes armés du pays.

Selon The Sentry, le chef de l’UPC Ali Darassa et celui qui était alors son numéro deux, Hassan Bouba, les principaux bénéficiaires de cet « accord tacite » avec la Sucaf RCA, sont responsables de l’attaque d’un camp de déplacés en novembre 2018 à Alindao, qui a entraîné la mort d’au moins 112 personnes, dont 19 enfants.

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