Bamako, 4 juin 2025 — Le gouvernement malien vient de franchir un cap décisif : lors du Conseil des ministres de ce mercredi, il a annoncé la reprise officielle de la Société des Mines de Morila S.A., jadis l’une des plus grandes fiertés de l’industrie aurifère nationale.
Un décret a été adopté pour valider l’acquisition de 80 % du capital auprès des actionnaires sortants, pour la somme symbolique d’un dollar américain. L’État détenait déjà 20 % des parts. Désormais, il devient l’actionnaire majoritaire de cette entreprise stratégique.
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Morila, de l’âge d’or à la mise en veille
Fondée en 2000 dans la région de Bougouni, Morila S.A. a longtemps représenté un modèle de rentabilité minière. À son apogée, dans les années 2000, elle produisait jusqu’à 600 000 onces d’or par an. Elle était alors cogérée par l’État malien (20 %) et deux géants du secteur : Anglogold-Ashanti et Randgold Resources (aujourd’hui Barrick Gold), chacun détenant 40 %.
Mais avec le temps, les réserves à haute teneur se sont épuisées. La carrière principale a cessé ses activités en 2020. Une tentative de relance par l’australien Firefinch Limited à travers l’exploitation de résidus et un projet agro-industriel n’a pas porté ses fruits. Les opérations ont été entièrement arrêtées en 2022.
En mai 2024, un protocole d’accord a permis à l’État malien de racheter les parts et créances restantes. L’objectif ? Empêcher la disparition d’un site emblématique et trouver un nouveau souffle pour l’exploiter intelligemment.
Un pari risqué pour un futur en or ?
Avec cette reprise, les autorités veulent redonner vie au site. Plusieurs pistes sont à l’étude : une exploitation à petite échelle, un partenariat public-privé, ou encore des usages alternatifs, selon les faibles teneurs en or restantes.
La production nationale d’or est en chute libre : elle est passée de 66,5 tonnes en 2023 à 51 tonnes en 2024, soit une baisse de 23 %. Cette tendance inquiète, dans un pays où l’or est la principale ressource d’exportation.
Pourtant, Morila recèlerait encore 500 000 onces d’or, selon une estimation de Firefinch en 2021. Ce potentiel inexploité pourrait faire la différence, si l’État parvient à redéployer une stratégie viable.

