La Journée internationale de la jeunesse est célébrée par les Nations Unies chaque année le 12 août afin d’attirer l’attention de la communauté internationale sur les défis de la jeunesse.
C’est l’occasion de célébrer le potentiel des jeunes africains en tant que partenaires dans la société et de réfléchir aux ambitions que pourrait prendre l’expérimentation d’une Youth Bank.
Avec les zones économiques spéciales « chinoises », l’Afrique construit des « nids pour accueillir le Phénix ». Cette formule du chercheur Justin Yifu Lin souligne aussi le peu de considération pour les besoins développementaux des pays hôtes. Le Continent pourrait-il s’appuyer sur un autre oiseau migrateur : le griffon, emblème du Mont-de-Piété ? Cet animal mythologique, doté d’un corps de lion, d’ailes et d’un bec d’aigle, gardait les mines d’or d’Apollon.
La Journée internationale de la jeunesse nous offre l’occasion de se pencher sur le fonctionnement irlandais des Youth Banks et de débattre de son ouverture africaine à travers l’histoire du Mont-dePiété, institution pionnière de micro-crédit. Un modèle dont la construction remonte en Europe à 1624 à l’initiative de Cobergher, surintendant général des Monts-de-Piété qui les installe dans les quinze plus grandes villes des Pays-Bas méridionaux.
L’agenda des Nations Unies, à travers cette journée du 12 août consacrée à la jeunesse, nous invite à croiser la réflexion de cet héritage historique avec plusieurs constats actuels : 50 à 60% des jeunes africains ont l’intention de créer une entreprise. Toutefois, il existe trois principaux freins :
- Un essoufflement des jeunes par rapport aux circuits bancaires classiques
- Un manque de transition expérientielle entre l’adolescence, la fin d’études, et l’âge adulte
- Enfin, le manque de moyens financiers comme principal handicap à la concrétisation d’un projet de création.
Qu’est-ce qu’une Youth Bank ? L’idée est née en Irlande dans les années 1990. Cinq organisations en charge de l’expression citoyenne des jeunes (dont le Youth Council et la National Youth Agency notamment) s’unissent et collectent des fonds, à hauteur d’un million de livres, pour financer des projets portés par les jeunes, avec une vocation citoyenne. Les aides qu’elles peuvent apporter vont de 250 à 25 000 livres selon l’intérêt et l’ampleur des projets. Les Youth Banks sont gérées essentiellement par des jeunes âgés entre 20 et 25 ans, mais des référents plus âgés peuvent cependant venir en appui.
Officieusement, le dispositif a permis de réconcilier des catholiques et des protestants, en mobilisant des acteurs Jeunesse. Une contribution citoyenne souvent oubliée dans le processus de paix de 1998 qui a mis fin au conflit nord-irlandais : à travers l’accord du Vendredi saint.
Les jeunes peuvent être une force positive pour le développement lorsqu’ils reçoivent les connaissances et les opportunités dont ils ont besoin pour s’épanouir. On compte aujourd’hui 1,2 milliard de jeunes âgés de 15 à 24 ans dans le monde, ce qui représente 16 % de la population mondiale. D’ici à 2030, c’est-à-dire la date fixée pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de ses 17 objectifs de développement durable (ODD), le nombre de jeunes devrait augmenter de 7 %, pour atteindre près de 1,3 milliard d’individus.
Période de plaisirs et d’exaltation, la jeunesse est aussi un âge de défis. Terminer ses études, trouver un emploi, un logement : ce qui n’était pas chose aisée avant la pandémie est devenu bien plus difficile encore aujourd’hui. Outre les nombreuses incertitudes qu’elle suscite, la crise sanitaire affecte la vie sociale des jeunes ainsi que leur apprentissage.
Face à ces défis, des jeunes innovateurs réagissent, planifient, inventent des innovations à fort impact social. Dans le monde entier, des initiatives sont en cours de développement pour générer et apporter un soutien aux populations créatives. Si la plupart de ces initiatives se font sur une base volontaire (par exemple, des jeunes proposent d’acheter et de livrer de la nourriture), elles peuvent également prendre la forme d’entreprises sociales. De nombreux pôles d’innovation technologique axés sur les jeunes enrichissent les opportunités des startups à se développer.
Relier les idées aux financements, les inspirations aux plateformes de partage des connaissances, les expériences collaboratives aux performances artistiques captivantes…
Toutes ces nouvelles activités inventives ont besoin de véhicules d’investissement. L’expérimentation d’une Youth Bank en Afrique permettrait de tester la gouvernance et les modalités novatrices d’une mise en relation entre des jeunes et des investisseurs locaux.
Une telle plateforme mérite d’être débattue pour la Journée internationale de la jeunesse.