Côte d’Ivoire : Thiam “Je cherche l’houphouëtisme, mais je ne le vois plus en Côte d’Ivoire”

À la suite des arrestations de plusieurs opposants à Abidjan, Tidjane Thiam, président du PDCI, exprime sa tristesse et regrette…

Tidjane Thiam Stefan Wermuth/Bloomberg

À la suite des arrestations de plusieurs opposants à Abidjan, Tidjane Thiam, président du PDCI, exprime sa tristesse et regrette la perte des valeurs de paix et de dialogue prônées par le père fondateur Félix Houphouët-Boigny.

 

Le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Tidjane Thiam, a exprimé sa tristesse après les récentes arrestations de manifestants de l’opposition à Abidjan. Il déplore une absence des valeurs de « l’houphouëtisme », fondées selon lui sur le dialogue et la paix. Dans une déclaration publiée ce lundi 13 octobre 2025 sur les réseaux sociaux, Tidjane Thiam a affirmé : « L’houphouëtisme, je le cherche aujourd’hui en Côte d’Ivoire, mais je ne le vois pas. L’houphouëtisme, c’est le dialogue, la paix, la non-violence. Et, pour reprendre les mots d’Houphouët lui-même, ce n’est pas un vain mot. »

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Selon lui, « l’houphouëtisme ne se manifeste pas seulement dans les discours ni dans le geste d’aller se recueillir sur la tombe du président Houphouët-Boigny, que nous respectons tous. C’est à travers le comportement qu’on prouve sa fidélité à son héritage, car celui-ci n’est pas matériel mais spirituel. »

Le leader du PDCI a également critiqué la manière dont le parti au pouvoir, le RHDP, se réclame de cette philosophie. Il estime que « l’houphouëtisme est un message d’amour du prochain, incompatible avec les bastonnades et la violence contre des citoyens n’ayant commis aucun acte répréhensible. » Tidjane Thiam a rappelé que le président Houphouët-Boigny, bien qu’opposé au multipartisme, avait accepté la candidature de Laurent Gbagbo face à lui lors de la présidentielle de 1990. « C’est cela être un homme de courage », a-t-il souligné.

Poursuivant son propos, il a ajouté : « Houphouët a donné une leçon d’amour et de démocratie en permettant à son adversaire historique de concourir. De même, Laurent Gbagbo, aujourd’hui partenaire du PDCI au sein du Front commun, avait permis à Alassane Ouattara et à Henri Konan Bédié de se présenter contre lui. C’est aussi cela, être un homme de principe. »

Revenant sur la marche de l’opposition du 11 octobre 2025, interdite par la préfecture d’Abidjan, Tidjane Thiam s’est dit « profondément attristé » par les événements récents. Il a exprimé sa solidarité envers les familles des personnes interpellées, notamment « Mme Djeneba Soumahoro, une militante engagée qui a été maltraitée, et Mme Shérif, arrêtée pour avoir parlé à la presse étrangère. »

« Nous attendions 2025 avec espoir pour présenter aux Ivoiriens nos propositions de changement. Mais ce que nous voyons à l’écran, ce sont des scènes de violence, d’arrestations et d’affrontements », a-t-il regretté.

Le président du PDCI a dénoncé la privation du droit de manifester pacifiquement. « Dans un pays où l’opposition agit dans le cadre légal, on interdit pourtant l’expression d’une liberté fondamentale », a-t-il fustigé. Enfin, Tidjane Thiam a estimé que « si un régime a si bien travaillé pendant quinze ans et obtenu 80 % aux législatives, il n’a pas besoin de réprimer l’opposition ni d’interdire ses rassemblements. »

Les Ivoiriens sont appelés aux urnes le 25 octobre 2025 pour élire leur président. Ce scrutin se tient dans un climat de tension, marqué par l’invalidation des candidatures de Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo. L’opposition conteste la candidature du président sortant Alassane Ouattara, jugée anticonstitutionnelle. La campagne, ouverte le 10 octobre, s’achèvera le 23 octobre 2025.

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