Ouagadougou accueille la 6ᵉ édition du « Mois du consommer local ». L’UEMOA y plaide pour transformer ce principe en un levier économique, en misant sur la qualité, la transformation des matières premières et l’innovation numérique.
Les activités de la 6ᵉ édition du « Mois d’octobre, mois du consommer local » ont démarré le 1ᵉʳ octobre 2025 au Burkina Faso. À Ouagadougou, ce 2 octobre, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a organisé une conférence placée sous le thème : « Consommer local, facteur de développement des chaînes de valeurs régionales compétitives de l’UEMOA ».
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Les échanges ont mis en lumière l’urgence de voir émerger une nouvelle génération d’entrepreneurs capables de transformer les matières premières locales en produits compétitifs et accessibles, tant sur les marchés régionaux qu’internationaux.
Selon le panéliste Sa Sylvanus Traoré, consommer local ne doit pas se réduire à un simple slogan, mais devenir un véritable acte citoyen. Pour lui, consommer local, c’est privilégier les produits de l’espace UEMOA et du continent africain. « Si vous voulez que les gens consomment local, il faut produire de la qualité. C’est une exigence à laquelle chaque transformateur doit répondre. Les producteurs doivent aussi veiller au respect des normes pour offrir des matières premières adaptées aux besoins des populations », a-t-il affirmé. Il considère cette démarche comme un enjeu majeur de développement, invitant à la création d’unités industrielles pour transformer davantage de matières premières sur le continent et réduire les importations.
De son côté, le Pr Filiga Michel Sawadogo, commissaire à l’UEMOA, a souligné que consommer local ne se limite plus à acheter les produits de son pays, mais revient à s’impliquer dans la construction d’un écosystème économique régional intégré et performant. « La consommation locale est un moteur puissant de transformation économique inclusive et durable, qui fera de l’Union un acteur de poids dans l’économie mondiale. Nos ambitions nécessitent le recours à des technologies numériques innovantes, à la traçabilité digitale des produits, à la logistique intelligente et aux plateformes régionales de e-commerce, afin d’optimiser la production et la commercialisation, notamment pour les PME. Une mobilisation coordonnée des États, des acteurs économiques et des partenaires financiers est essentielle pour développer des financements adaptés », a-t-il déclaré.
La Commission rappelle avoir initié plusieurs réformes communautaires et réalisé des infrastructures économiques de grande envergure au profit des États membres, contribuant ainsi à faire de l’UEMOA une référence en matière d’intégration régionale. « Les performances économiques de notre union en 2024 illustrent une forte résilience, avec une croissance de 6,3 % contre 5,2 % en 2023, et une inflation maîtrisée à 3,5 % qui devrait encore reculer », a précisé Pr Sawadogo.
Cependant, il a tenu à souligner le paradoxe derrière ces bons résultats : « L’Union dispose de ressources abondantes comme le coton, le cacao, l’or ou encore l’uranium, qui représentent près de 59 % des exportations. Nos terres fertiles pourraient garantir la sécurité alimentaire des populations. Pourtant, nos unités de transformation manquent souvent d’approvisionnement en matières premières et doivent se tourner vers des importations onéreuses. Cette situation freine la création de valeur ajoutée et pèse sur nos économies. »
Pour y remédier, la Commission a adopté un plan stratégique 2025-2030, baptisé « Impact 2030 ». Celui-ci s’articule autour de cinq axes : la mise en place d’écosystèmes de production, le développement d’infrastructures économiques de soutien à la compétitivité, la promotion du développement humain et de la citoyenneté, le renforcement de l’intégration régionale et la modernisation de la gouvernance institutionnelle.
Pr Sawadogo a conclu en appelant les entreprises de transformation à renforcer la qualité de leurs produits afin que les Burkinabè et, plus largement, les Africains privilégient davantage les produits locaux.

