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Bamako : Au cœur du village des Jeux, la diplomatie Burkinabè joue la carte du soutien aux champions

24 juin 2025 : Jeux de l’AES, Centre Kabala, Bamako Sous le ciel légèrement voilé de Bamako, une brise discrète…

Jeux de l’AES

24 juin 2025 : Jeux de l’AES, Centre Kabala, Bamako

Sous le ciel légèrement voilé de Bamako, une brise discrète balaie les allées du Centre d’Entraînement pour Sportifs d’Élite de Kabala. Ce 24 juin 2025, le calme apparent cache l’effervescence d’un événement inédit : la première édition des Jeux de l’AES (l’Alliance des États du Sahel).

Au milieu de l’agitation sportive, un cortège s’avance, drapeau Burkinabè en tête. Une délégation de l’ambassade du Burkina Faso au Mali. Conduite par le Conseiller Roger Ouédraogo, celle-ci entre dans l’enceinte du village des Jeux. Mission officielle : apporter un message de réconfort, d’encouragement et de fierté nationale aux athlètes Burkinabè.

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Un geste simple, un message fort

La délégation a été mandatée par Son Excellence Julienne Dembélé Sanon, ambassadrice du Burkina Faso au Mali. Celle-ci  n’est pas venue les mains vides. C’était bien plus qu’une formalité protocolaire. La visite vise à retisser le lien entre la diplomatie et la jeunesse sportive, entre la nation et ses ambassadeurs en short et en crampons.

À l’entrée du centre, les athlètes, encore en survêtement ou en tenue de repos, accueillent les diplomates avec des sourires francs. Quelques accolades spontanées, des poignées de main longues. Le poids des efforts, des entraînements intenses, des nuits courtes, semble s’alléger d’un coup.

« Nous sommes fiers de vous. Le Burkina vous regarde », lance Roger Ouédraogo, la voix ferme mais chaleureuse.

 

Kabala, un foyer de fraternité sahélienne

À Kabala, ce n’est pas seulement du sport qu’on respire. C’est aussi un souffle nouveau de coopération. Venus du Mali, du Niger et du Burkina Faso, plus de 600 jeunes se côtoient, dorment côte à côte, partagent les repas, les rires, parfois les douleurs de la compétition.

Dans les couloirs des dortoirs, les drapeaux se mélangent. Ici, un Burkinabè discute stratégie de combat avec un Nigérien. Là, deux volleyeuses du Mali et du Faso échangent sur leur prochaine rencontre. La délégation diplomatique visite les chambres, s’attarde dans les cantines, prend des nouvelles. Les officiels notent les besoins, félicitent les encadreurs, saluent les efforts d’organisation.

« Nous sommes ici pour vous écouter autant que pour vous soutenir », confie une attachée diplomatique à une jeune lutteuse.

 

Des visages, des rêves, des combats

Khadidja, 20 ans, lutteuse originaire de Kaya, arbore un sourire timide. Elle tient à remercier la délégation, malgré la fatigue de la veille. Elle a perdu son combat par décision des juges, mais elle reste debout.

« Ce genre de visite nous rappelle qu’on n’est pas seuls. On est le pays tout entier. »

Un peu plus loin, Issa, coureur de demi-fond, prépare sa course prévue le lendemain. Il confie avoir eu un coup de mou, mais la visite l’a remotivé.

« Quand l’ambassade vient, on sent que le pays croit en nous. Même loin, on reste connectés. »

 

La diplomatie du cœur, loin des tribunes

Roger Ouédraogo et sa délégation ne font pas de grand discours. Ils parlent peu, mais regardent, notent, écoutent attentivement. L’un d’eux discute longuement avec un entraîneur, un autre échange avec des bénévoles locaux.

C’est une diplomatie du terrain. Celle qui s’exprime dans un regard, une attention portée à la logistique, une promesse discrète de faire remonter un besoin. Celle qui bâtit la confiance loin des caméras. Le conseiller termine sa tournée par un mot simple mais chargé :

« Vous êtes les visages de la résilience Burkinabè. Battez-vous avec honneur, et quoi qu’il arrive, nous sommes fiers. »

Un moment de cohésion nationale en terre étrangère

Dans un coin du centre, un petit groupe chante l’hymne national. Les paroles, murmurées au départ, prennent de l’ampleur à mesure que les sportifs s’y joignent.

« … la patrie ou la mort, nous vaincrons ! »

Ce moment, improvisé, devient un rite. Certains ferment les yeux. D’autres se tiennent par l’épaule. Dans cet instant suspendu, les rivalités sportives s’effacent. Ne reste que la fierté d’être là, de représenter son pays.

 

Des Jeux au-delà du sport

La visite de la délégation diplomatique n’est pas anodine. Elle révèle l’ambition plus vaste des États de l’AES : faire du sport un pilier de la cohésion régionale. Renforcer les liens entre les peuples, créer une jeunesse sahélienne unie, résiliente, fière.

Le sport devient ainsi un outil politique, un levier de souveraineté, mais aussi une scène de reconnaissance. Pour les jeunes Burkinabè, souvent confrontés à l’oubli, c’est une manière de revendiquer leur place, leur dignité, leur voix.

Un départ sur fond d’émotion et de promesses

Avant de quitter Kabala ou se tient ces Jeux de l’AES, la délégation partage un dernier repas avec les athlètes. Riz, sauce gombo, quelques rires fusent malgré la tension des prochaines épreuves. Les officiels repartent sous les applaudissements. Un judoka glisse à son camarade :

« Maintenant, on n’a plus le droit de perdre… »

Le sport continue, mais l’impact de cette visite, lui, restera…

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