Près de 3,4 millions de personnes auront besoin en 2023 d’aide humanitaire et de protection en République centrafricaine (RCA), a alerté une agence des Nations Unies, relevant que la crise humanitaire dans ce pays d’Afrique centrale continue de s’exacerber.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), ces 3,4 millions de personnes dans le besoin constituent une augmentation de 10% par rapport à 2022. Parmi elles, 2 millions de personnes auront « des besoins complexes et sévères menaçant leur bien-être physique et mental ».
L’ONU et ses partenaires auront besoin de 465 millions de dollars pour leur assistance humanitaire en 2023. L’impact de la guerre en Ukraine, conjugué à l’insécurité dans certaines zones et les conséquences du changement climatique sur les communautés les plus vulnérables, auraient lourdement contribué à l’augmentation des besoins.
Des moyens de subsistance qui continuent de s’éroder
Suite aux violences envers les civils et l’insécurité dans les localités situées hors des centres urbains, OCHA estime que plusieurs milliers de personnes voient augmenter « leur niveau de vulnérabilité » ainsi que leurs moyens de subsistance « s’éroder ». Dans ces conditions, leur accès à la nourriture et aux services de base notamment les soins de santé et l’eau est drastiquement limité.
Le décor de cette situation décrite fait partie des résultats d’une analyse multisectorielle conjointe menée par la communauté humanitaire auprès des personnes en besoin, publiés dans l’aperçu des besoins humanitaires 2023 pour la RCA.
Plus de 23.000 ménages ont été interviewés dans 72 sous-préfectures du pays. Les résultats de cette analyse multisectorielle mettent en lumière la façon dont la crise actuelle affecte les conditions de vie de la population, les services ainsi que l’accès à ces services, et informent sur les besoins prioritaires des populations.
Les prix du blé, du riz et de l’huile végétale ont augmenté
Les secteurs avec le plus grand nombre de personnes dans le besoin en 2023 seront l’eau, hygiène et assainissement (EHA), la sécurité alimentaire, la santé et la protection, qui comprennent entre 2,7 et 3 millions de personnes dans le besoin.
La sécurité alimentaire fait d’ailleurs partie des secteurs ayant affiché une hausse particulière des besoins, avec 600.000 personnes (+25%) de plus ayant besoin d’aide par rapport à 2022 .
Sur le terrain, les effets de l’inflation sont visibles dans le panier des ménages. Les prix du blé, du riz et de l’huile végétale ont augmenté jusqu’à 56% sur les marchés locaux. L’augmentation du coût de la vie a également signifié que des milliers de ménages ont été confrontés à des choix difficiles et n’ont pas cherché à obtenir des soins médicaux et d’autres services de base, comme la scolarisation, en raison de moyens insuffisants.
« Avec 50% de la population ne mangeant pas à sa faim, la RCA compte l’une des plus grandes proportions de personnes en situation d’insécurité alimentaire critique dans le monde ».
Une aide vitale à 1,5 millions de personnes
Ainsi, OCHA a examiné la situation alimentaire dans la sous-préfecture de Bakala, classée en phase d’urgence lors de la dernière analyse en avril dernier.
L’enquête avait montré que plus de 635.000 Centrafricains étaient dans cette situation, soit près d’un Centrafricain sur six.
« Les habitants de la sous-préfecture de Bakala, au cœur de la RCA, dorment le ventre creux », a décrit OCHA, relevant que « des feuilles de manioc écrasées et bouillies, et des gombos transformés en sauce gluante, voilà ce qui finit dans les assiettes de la plupart de gens, un seul repas par jour ».
Par ailleurs, le nombre de personnes touchées par les inondations a plus que triplé cette année par rapport à 2021. Cette tendance va probablement se poursuivre en raison du changement climatique. Les inondations avaient touché plus de 35.000 personnes en 2021 et près de 105.000 personnes en 2022.
Malgré des défis d’ordre sécuritaire et logistique, les acteurs humanitaires ont pu fournir une aide vitale à 1,5 million de personnes depuis le début de l’année, soit 75% de la cible du Plan de réponse humanitaire 2022.