Moscou, 3 avril 2025 – Les premières consultations ministérielles entre la Russie et l’Alliance des États du Sahel (AES) ont marqué ce mercredi une étape décisive dans l’émergence d’un nouveau cadre de sécurité en Afrique. Réunis à Moscou, les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Niger et du Burkina Faso ont scellé avec leur homologue russe Sergueï Lavrov une coopération multidimensionnelle.
Une alliance stratégique en gestation
« L’AES représente un pas vers une nouvelle architecture de sécurité en Afrique », a déclaré M. Lavrov à l’issue des discussions. Ce sommet inédit fait suite au retrait des trois pays sahéliens de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), un mouvement que le ministre malien Abdoulaye Diop justifie sans ambages : « Notre futur linguistique ne pose aucun problème. L’AES entend promouvoir ses langues nationales. »
LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ
La Russie, premier pays à reconnaître officiellement l’AES créée en septembre 2023, affiche sa volonté d’accompagner cette nouvelle entité régionale. « Nous sommes prêts à apporter notre soutien dans les domaines de la défense, de la sécurité, de l’économie et de la diplomatie », a assuré le chef de la diplomatie russe.
Priorité sécuritaire et coopération militaire
Face à la menace terroriste qui pèse sur la région, les pays de l’AES envisagent de mettre sur pied des forces armées conjointes. « Cette coopération militaire trilatérale permettra de combattre plus efficacement les groupes terroristes », a expliqué M. Diop, tout en accusant l’Ukraine de « soutenir les terroristes au Sahel », qualifiant Kiev d' »État terroriste ».
Le Niger a par ailleurs annoncé l’ouverture prochaine d’une ambassade russe sur son territoire. « Cette décision renforcera nos relations bilatérales », a commenté Bakary Yaou Sangaré, ministre nigérien des Affaires étrangères.
Des échanges économiques en plein essor
Les discussions ont également mis en lumière le dynamisme des relations économiques. « Les échanges commerciaux entre la Russie et l’AES ont été multipliés par dix en un an », s’est félicité M. Lavrov, témoignant du rapprochement accru entre les parties.
Pour la première fois, le drapeau de l’AES a été exhibé hors du continent africain, un symbole fort salué par le ministre russe qui a exprimé ses « vœux de prospérité pour les peuples de l’Alliance ».
Un nouveau format de coopération institutionnalisé
Les parties ont convenu de pérenniser ce dialogue stratégique. « Le format quadripartite Russie-AES deviendra régulier, avec des réunions annuelles », a précisé M. Lavrov. Karamoko Jean-Marie Traoré, ministre burkinabè des Affaires étrangères, a souligné le caractère fructueux de ces premières consultations, menées dans « une atmosphère amicale ».
Cette rencontre historique ouvre une nouvelle page dans les relations entre Moscou et les pays sahéliens, tout en posant les bases d’une architecture sécuritaire alternative en Afrique de l’Ouest. Reste à observer comment cette alliance se concrétisera sur le terrain face aux défis sécuritaires et géopolitiques de la région.