30-31 Octobre 2014_Les 48 heures décisives : la chute de Blaise Compaoré

En 48 heures, le Burkina Faso a basculé dans l’histoire. Les 30 et 31 octobre 2014, la rue et l’armée…

chute Compaoré Joe Penney / Reuters / NPR

En 48 heures, le Burkina Faso a basculé dans l’histoire. Les 30 et 31 octobre 2014, la rue et l’armée ont provoqué la chute de Blaise Compaoré après 27 ans de règne. Revivez ces moments dans cet article, qui retrace heure par heure la fin d’un régime et la naissance d’un nouvel espoir.

Introduction

Au matin du 30 octobre 2014, Ouagadougou s’éveille dans la tension. Depuis plusieurs jours, la colère monte contre le projet de révision de l’article 37 de la Constitution, qui permettrait à Blaise Compaoré de se maintenir au pouvoir après 27 ans de règne. Ce qui devait être une manifestation de protestation va devenir l’un des moments les plus marquants de l’histoire politique du Burkina Faso.

Un climat explosif

Depuis des semaines, l’opposition et la société civile appellent à la vigilance. Le projet de loi, prévu pour être voté à l’Assemblée nationale, est perçu comme la goutte de trop. Les rues grondent, les réseaux sociaux s’enflamment, les affiches de protestation fleurissent partout. Ce 30 octobre, dès les premières heures, les habitants de la capitale sentent que quelque chose d’irréversible est en marche.

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30 octobre 2014 : la journée du brasier

Vers 9 heures, les manifestants convergent vers l’Assemblée nationale. Les forces de l’ordre tentent de contenir la foule avec des gaz lacrymogènes. En vain. Les barrières cèdent, la marée humaine avance. À 9 h 46, l’Assemblée brûle. Les flammes s’élèvent, les vitres éclatent : c’est un symbole qui s’effondre.

La colère gagne tout Ouagadougou. Des cortèges se forment vers la Primature, puis vers le siège du parti au pouvoir, le CDP. Dans les villes de l’intérieur, comme Koudougou ou Ouahigouya, la contestation prend la même tournure : le pays tout entier se soulève. À 12 h 31, un fait marquant : des soldats du camp Guillaume rejoignent les manifestants. L’image est forte : une partie de l’armée refuse désormais de réprimer la population.

Le soir venu, Blaise Compaoré tente d’apaiser la situation. Il dissout le gouvernement, décrète l’état de siège et retire le projet de loi. Mais il est trop tard : le pouvoir vacille.

31 octobre 2014 : la chute

Le lendemain matin, le calme n’est qu’apparent. Dans les rues, les Burkinabè réclament désormais un seul mot : démission.

À 9 h 56, l’opposition rejette toute solution de compromis. Puis, à 11 h 22, un officier militaire déclare : « Le problème Compaoré est réglé. Il n’est plus président. » À 13 h 20, le communiqué tombe : Blaise Compaoré démissionne.

L’émotion est immense. Certains pleurent, d’autres exultent. Le pays retient son souffle. Le soir, le lieutenant-colonel Isaac Zida prend la tête de la transition, soutenu par l’armée. En 48 heures, le Burkina Faso vient d’écrire une nouvelle page de son histoire.

Un tournant historique

Ces deux journées resteront dans la mémoire collective comme le triomphe d’un peuple uni.

L’alliance entre citoyens et soldats a fait basculer un régime réputé inébranlable. L’incendie de l’Assemblée, les slogans dans les rues, les visages de jeunes manifestants brandissant le drapeau national : autant d’images gravées dans la conscience nationale. Mais au-delà de l’émotion, l’insurrection de 2014 ouvre une ère d’incertitude. La transition devra réconcilier, réformer et surtout répondre aux immenses attentes d’un peuple en quête de justice et de renouveau.

Conclusion

En deux jours, le Burkina Faso a montré au monde que le pouvoir du peuple peut tout renverser. Les 30 et 31 octobre 2014 ne sont pas de simples dates : ce sont des symboles d’un réveil collectif, d’un courage partagé et d’une volonté farouche de changement. Huit ans plus tard, ces heures restent gravées comme un rappel : aucun régime n’est éternel lorsque la nation décide de reprendre son destin en main.

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