Dans un pays épuisé par sept ans de guerre civile, les milliers de personnels de l’Onu et des ONG, portes d’entrée du virus, veulent continuer d’aider les populations sans les contaminer.
En République centrafricaine, où au moins trois cas ont été dépistés, la Minusca, la mission de maintien de la paix de l’ONU en Centrafrique, et les ONG humanitaires sont à la fois la solution et un problème face à l’épidémie. Nous sommes un risque, nous devons à la fois protéger la population et continuer le travail », résumait ainsi, il y a quelques jours, Denise Brown, coordinatrice humanitaire de la Minusca, en évoquant la tâche des acteurs humanitaires pour les prochaines semaines.
Le premier cas de coronavirus a été détecté le 14 mars sur le sol centrafricain. Il s’agissait d’un missionnaire italien. Et les 13 000 personnels de la Minusca, plus gros contingent étranger en Centrafrique, voyagent évidemment beaucoup. La Minusca mise donc sur la prévention pour éviter toute contamination. Les rotations non-essentielles avec l’étranger, dont les congés, sont à l’arrêt. Toute arrivée en provenance d’un pays à épidémie locale ces derniers jours entraîne un isolement de 14 jours. Il n’y a pas de passe-droit, ni d’immunité diplomatique face au virus, insiste Denise Brown.
Risque d’usure du personnel
Expatriés confinés ou bloqués à l’étranger : ces dispositions ne sont pas sans incidence. Elles touchent aussi la cinquantaine d’ONG internationales, qui n’ont pas l’effectif pléthorique de la Minusca. On craint une communauté humanitaire débordée et fatiguée, sans possibilité de relève, admet François Batalingaya, le chef de bureau OCHA, l’agence de l’Onu de coordination humanitaire. Autre préoccupation : comment évacuer les malades ou les cas suspects, en cas de crise sanitaire ou sécuritaire, avec un trafic aérien réduit au strict minimum ?
Malgré la visibilité réduite, les missions habituelles doivent se poursuivre. La Centrafrique, traversée par sept ans de conflits armés successifs, connaît l’une des pires crises humanitaires au monde. Les ONG revoient donc les priorités. À Oxfam, le directeur local Ferran Puig admet avoir mis en veille les projets non-essentiels, tout en anticipant une éventuelle épidémie dans la population : On se prépare au pire, en espérant le meilleur… »